le Dieu Impatient

Blog

« Écrire ! Verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite parfois que la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide… »
Colette, La Vagabonde

 

19 Mai Chapitre 13 – Brunhilde

C’est un samedi matin. Je me suis réveillé, poursuivi par un rêve sur ma mère. Cela fait exactement trois mois, jour pour jour, qu’elle est morte. Était-ce le premier signe qu’elle m’envoyait de l’au-delà ? Était-ce la permission que j’attendais pour me libérer de tout ce que je crois être, à tort ou à raison, noué par elle ? Allais-je enfin pouvoir faire son deuil ? Depuis sa mort, je suis à la recherche d’une relation avec elle. Je voudrais la retrouver, la sentir, la reconnaître dans des signes, mais je n’y parviens pas. Sans doute a-t-elle mis trop d’années à mourir...

Lire la suite...

17 Mai Sexe intellect

Beaucoup trop d'érections solitaires et inutiles, de sexes déprimés et délaissés, de seins soutien-gorgés, de corps oubliés et de fantasmes bientôt évanouis pour des demains aussi peu probables que l'au-delà paradisiaque. Quel gâchis ! Quelle tristesse humaine, nous qui voulons tant exalter la vie, exulter par nos meilleurs organes, exploser des joies de la communion humaine. Tout est corseté, interdit, impossible, limité, recouvert.  Que de temps perdu, quel malentendu...

Lire la suite...

14 Mai Mes Philippines

C'est à croire qu'elles ont colonisé le quartier. À chacun son tour. On les croise tout le temps. Pourtant, ce n'est pas faute qu'elles soient discrètes. Elles sont plutôt petites et menues, face à nos gabarits d'occidentaux bien nourris. Et puis, elles ne nous voient jamais. Ce n'est pas faute, à chaque fois, que je cherche leur regard, un petit sourire tout prêt au coin de mes lèvres. Mais elles ne me voient jamais, elles ont compris qu'elles n'existaient pas pour nous, ou si peu. Elles marchent les yeux dans le vide. Leurs mains ne sont pourtant jamais vides. Poussettes bourrées de...

Lire la suite...

13 Mai Méditation*

Cette poitrine qui se soulève, et s'affaisse, se soulève, et s'affaisse encore. Le souffle qui circule, ce mécanisme merveilleux qui me fait vivre de l'air qui vient de la mer, de la terre et que le soleil réchauffe pour qu'il caresse mieux mes poumons. Je le répète depuis ma naissance. C'est ma vie. Le miracle de ma vie. Par quel mystère suis-je venu au monde ? Un jour, ce souffle se figera. Ce sera fini. Je suis curieux de savoir si ce sera au moment de la montée, ou de la descente. Je me dis que je préfèrerais celui de...

Lire la suite...

11 Mai M’endormir

J'eus la tentation de m'endormir, je vous l'avoue. Pour que le temps passe plus vite et me rapproche de félicités merveilleuses. Il y aurait eu une belle femme brune, songeuse et silencieuse, veillant à mon réveil en m'entourant de sa beauté protectrice. Plus tard, une fois ravivé et conscient de sa confiance, de son amour et de ses promesses pour moi, la grâce et l'inspiration feraient pleuvoir des lignes et des chapitres et des oeuvres, enfin. Oui, le sommeil, comme tueur de ces heures creuses de tout, et porteur de miracles. Je ne serais pas ingrat. Je lui rendrais toute l'intensité dont...

Lire la suite...

11 Mai Peau de chagrin

Ses traits se sont affaissés, son visage s'est alourdi, comme s'il se figeait déjà. Sous le poids des années, du refuge de la bonne bouffe et des verres. Il est méconnaissable...

Lire la suite...

10 Mai Quelques belles du Seizième

Le vent soufflé par des nuages noirs et froids claque parfois en les soulevant les bords de la tente lourde. J'ai vérifié avant de m'asseoir, il semble que les structures métalliques accrochent bien la toile. Pas de risque qu'elle s'envole et livre la jolie clientèle aux paquets de pluie que mai décidément capricieux et boudeur ne cesse de distribuer. Ce serait dommage, me dis-je, pour toutes ces belles blondes qui ont libéré leurs opulentes coiffures sous la promesse de ce ciel bas, certes, mais protégé et sec. Il y a très peu d'hommes autour de moi. Nous sommes un samedi après-midi :...

Lire la suite...

08 Mai Histoire d’un sein – suite

Le sein est découvert, avait-on dit. Ce n'est pas qu'un joli sein, quelconque et endormi, comme l'ont la plupart des femmes. C'est une citadelle née au coeur du désert.  Son mamelon délicieusement pointé de rose est tendu en éclaireur, en guetteur de toutes les bonnes conquêtes qui peuvent lui venir du monde. Les alizés irradiés du regard de l'homme soufflent déjà vers lui et le caressent d'airs chauds. Coeur de rose planté dans une chair blanche et généreuse, bombée et soulevée par ta respiration. Toi qui, déjà, te sens appelée au meilleur de toi-même. L'homme n'a encore posé que ses yeux sur toi, et...

Lire la suite...

06 Mai Histoire d’un sein

Je vais faire du Kundera. Du moins, je vais essayer. À moins, après m'être relu une seconde fois, que ce ne soit que du moi. C'est, ce soir, l'ébauche de l'histoire d'un sein. Du moins, celle d'un homme, qui contemple ce sein. Et de la femme, qui l'offre. Nous atteignons l'un des sommets de l'histoire de l'humanité. Aussi banal qu'extraordinaire. Qui, parmi mes lecteurs, si j'ai quelques lecteurs, n'a rêvé de vivre ce moment ? Qu'il soit homme ou femme ? Je prends les paris. Le sein vient d'être découvert. Il faut savoir que l'homme, celui de cette histoire, est un passionné des...

Lire la suite...

06 Mai Envie de vous

Oui, vous pourriez vous retourner. Je sais que vous en avez envie. Pas envie de moi, je ne crois pas. Vous m'avez à peine vue en sortant du magasin, alors que je croisais juste devant. Mais besoin de vérifier. Si je vous regarde, ou pas. Et bien oui, je vous regarde et je vous suis un peu, le temps qui m'est permis. Votre frange de cheveux qui balancent et rythment vos pas, un balayage réussi et une coupe aussi. C'était d'abord cela. Ensuite, comme votre tailleur vous recouvre bien et que je vous suis de dos, le creux de votre taille, vos...

Lire la suite...