le Dieu Impatient

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« Écrire ! Verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite parfois que la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide… »
Colette, La Vagabonde

 

04 Juin J’ai une copine

- J'ai une copine, je ne suis pas du tout intéressé !" Au bout de quatre ou cinq répétitions, j'ai fini par le remarquer. Il est à quelques mètres de ma table, en terrasse du Flore. Le grand diable est planté au milieu du trottoir. Silhouette de géant, imperméable noir, long parapluie fermé glissé sous le bras dont la pointe qui s'élève derrière lui semble lui avoir transpercé le dos. Il doit faire peur, sans s'en rendre compte. Dès qu'une jeune femme, seule ou en groupe, se rapproche de lui, il recommence. Il ne prend même pas le temps de choisir. Il...

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30 Mai Joies de l’écriture

Parfois, mes lignes m'étonnent. Il est vrai que j'aime passer par toutes les couleurs de l'arc en ciel, et la mélancolie me tend ses pièges où je ne refuse jamais de tomber. Je voudrais tout écrire, et j'aimerais me mettre dans toutes les peaux. Surtout, savoir jusqu'à quel point je peux étirer la mienne...

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30 Mai Concupiscences

Il y avait quand-même un peu de vie, quelque chose qui ressemblait à une rencontre et à un don de soi. Même si elle se réduisait à la celluloïde glacée de la photo, au verre transparent de l'écran, ou aux tendresses minutées d'une professionnelle. Faute de mieux, Mikolaj Mikolaevitch s'offrait des petites joies. Rien de tel, malgré tout, que de plonger en nudité, celle des belles. Ces femmes, toutes beautés en surface, ne glorifiaient elles pas un instant la maternité, la féminité et l'altérité assumées, offertes, partagées ? Ses regards, ses plongées et les touchers intimes, solitaires ou tarifés, c'étaient des...

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28 Mai La nuit

Comme mon chat, je pourrais passer la vie à dormir plus que tout. Surtout la nuit. Toujours trop courte, pour les amants comme pour les dormeurs.  Donc pour moi, car je suis soit l'un, soit l'autre...

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26 Mai Bulbes et mandibules

Fourmilière rougeoyante et grouillante. Crânes aux bulbes transparents où toutes les pensées sont visibles et vides comme des bulles. Mandibules qui s'agitent, ruminent et massicotent allègrement. Milliers de pattes qui tournent et retournent dans tous les sens et répètent les mêmes tâches, encore et encore. Labeur incessant, énergies qui se bousculent. À moins que quelque chose m'échappe...

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25 Mai En quelques gestes

En quelques gestes, nous avions tout retrouvé. Comme si nos corps avaient mémorisé l'amour, ils n'avaient plus qu'à répéter les mêmes rituels sacrés et, à tous les coups, rayonnants et guérisseurs. Le silence accompagnait chacun de nos mouvements : nous savions que notre étreinte, l'enchaînement des cérémonies qui s'ensuivait était la meilleure des paroles entre nous, mille fois apprise, mille fois répétée déjà au cours de nos étreintes passées. D'abord la cérémonie des visages, des bouches jointes aux lèvres ouvertes et aux langues emmélées. Déjà, nos souffles ne faisaient plus qu'un. Je ne savais plus qui de nous expirait, inspirait, respirait,...

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24 Mai Seins de pierre

Ce que je vous ai demandé, je ne l'avais jamais demandé à personne. Nous ne connaissions pas, ou à peine. Après quel enchaînement des faits, quelles circonstances vous ai-je posé une telle question ? Les détails, le cadre extérieur, je ne m'en souviens plus très bien. Je pense que nous étions l'un en face de l'autre. Il n'y avait rien autour de nous, nous étions comme dans un nuage, ou dans un jardin à l'herbe douce, sous un ciel pâle. Nous étions seuls, et c'est cela qui comptait, et rien d'autre. Quelques minutes avaient passé, je ne crois pas que nous...

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22 Mai La cracheuse de valda

L'image me vient après qu'elle ait prononcé cette expression à la fois vulgaire et étrange une seconde fois en dix minutes. Je ne sais pas pourquoi, elle me fait penser aux pratiquants de rituels insolites, à ces fakirs hypnotisant les serpents ou ces avaleurs de sabres...

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20 Mai Deux silhouettes

À chaque fois c'est pareil. Il se pince les lèvres, tandis que les pneus crissent encore sur le gravier qu'ils contrôlent mal, que la voiture commence à gravir la montée raide, lentement, toujours trop lentement. Ces deux silhouettes, en contre-bas, derrière la haie et le muret de pierres, elles restent comme plantées, et il voudrait qu'elles disparaissent plus vite, plus discrètement, puisqu'il ne peut les emmener avec lui. Ne doit-il pas rejoindre Paris, ou peut-être même plus loin ? N'a t'il pas maintenant d'autres seins où reposer sa tête, d'autres épaules à étreindre ? Il a sa vie, quelque part, là-bas....

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