Envie de vous

06 Mai Envie de vous

Oui, vous pourriez vous retourner. Je sais que vous en avez envie.

Pas envie de moi, je ne crois pas. Vous m’avez à peine vue en sortant du magasin, alors que je croisais juste devant. Mais besoin de vérifier. Si je vous regarde, ou pas.

Et bien oui, je vous regarde et je vous suis un peu, le temps qui m’est permis. Votre frange de cheveux qui balancent et rythment vos pas, un balayage réussi et une coupe aussi. C’était d’abord cela. Ensuite, comme votre tailleur vous recouvre bien et que je vous suis de dos, le creux de votre taille, vos hanches et la ligne de vos jambes que j’ai pu apprécier. Le tout bien enveloppé à dessein dans un pantalon serré et brillant de cuir ou de faux cuir, peu importe. Vous ne serez pas la femme de ma vie, mais vous auriez pu être celle de quelques instants. Nous nous serions fait du bien. Je vous aurai révélé ma passion de vous et mon génie de l’amour.

J’ai envie de vous. Je voudrais consommer sur place, ou pas loin, dans l’intimité d’une chambre et d’un lit, les promesses révélées. J’allais écrire goûter, mais le mot est trop soft, trop superficiel : c’est à fond, chair contre chair, que je voudrais. Mais je ne vous rejoindrai pas. Vous allez passer tourner à l’angle de la rue, ou c’est moi qui la traverserais pour gagner le trottoir d’en face et d’autres quotidiennetés.

Je n’ai même pas vu votre visage, ni deviné la forme de vos seins.

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