le Dieu Impatient

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« Écrire ! Verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite parfois que la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide… »
Colette, La Vagabonde

 

05 Fév Fritures sur la ligne

Son frère lui ressemblait trop, qu'il en était insupportable. Avec lui, l'incompatibilité venait justement d'une trop grande similitude. Les ondes qu'il émettait devaient être trop proches des siennes, cela finissait par créer des brouillages et des interférences qui l'irritaient au plus haut point. Tout ce qu'il disait, tout ce qu'il était remuait en elle des frissons dévastateurs qu'elle ne pouvait expliquer mais qu'elle devait taire, en le faisant taire. Alors, elle cherchait à chaque fois à le recouvrir, à le dépasser. Faire mieux que lui, ne pas se laisser prendre toute la place, encore une fois. Elle n'était même plus consciente...

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04 Fév Trois questions

Je crois que je dormais. J'avais senti ton ombre me recouvrir ou, peut-être, t'étais-tu étendue près de moi. Ta présence avait provoqué un léger état d'éveil en moi, j'étais habitué que tu viennes ainsi me retrouver. Tu me posas une première question : - ces textes que tu écris, où trouves-tu les idées ? Cette question me surprit. Quelles idées ? Mes textes n'étaient encore, à cette époque, que des éclairs, des instants, des situations différentes et pas reliées entre elles, surtout des émotions que j'essayais de garder plus longtemps en les retranscrivant de mon mieux. Ma réponse dû te satisfaire, tu passais...

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02 Fév Je m’endors

Je m'endors. En éclaireurs, des images dénuées de sens défilent dans ma tête, je décroche peu à peu. Tiens, ces prises de courant que je ne cesse de pratiquer en ce moment, chacune à son tour...

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29 Jan C’était une musique qui remontait comme les vagues d’une mer profonde

C'était une musique qui remontait comme les vagues d'une mer profonde, puissante et troublante, qu'il aurait toujours connue. Pourtant, il ne la reconnaissait pas. Elle était belle, lyrique, ancienne et envoûtante. Il y avait des chants, des choeurs qui s'enroulaient autour de notes symphoniques pénétrantes. Elle avait la puissance des murmures. Les mêmes qu'il entendait, enfant, auprès de son lit, lorsque sa mère veillait sur lui. Elle échangeait avec lui à voix basse, inquiète et présente à toute seconde. Sur le même ton aussi, avec les proches qui venaient le visiter pour s'enquérir de sa santé et à qui elle donnait...

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28 Jan Beaucoup plus jolie que ça !

Elle est assise juste à côté de moi, sa table est séparée de la mienne par un mince passage. Au Nemours, mais dans la salle intérieure, car le vent est trop froid dehors. Des bribes de conversation me parviennent, celle qui lui fait face semble aussi ennuyée qu'elle. On fait semblant de vivre, comme tout le monde. Je souffre de toutes ses absences, partout. Dans le propos, l'élégance, la féminité même. Beaucoup trop de quotidienneté, de médiocrité. Que lui est-il arrivé ? Un père qui ne l'a pas suffisamment aimée ? Une éducation trop stricte ? Une mère jalouse ? Un mariage trop...

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25 Jan Sous le plat de vos paumes

C'est l'image qui me hante depuis quelques jours et que j'essaie de chasser, avec ces seules lignes comme tentative. Puisqu'il est clair que plus rien, dans ma vie, ne se déroulera de majeur hors de l'écriture et de la lecture. Ils restent les seuls mediums, je voudrais éliminer tous les autres et ne garder, pour subsister, que les moyens quotidiens qui s'imposent. L'écriture comme seule parade, donc. Cette image, c'est celle d'une paume. Est-elle géante ou multipliée ? De toutes mes forces, je tente de remonter à la surface et, enfin, aller à la rencontre de l'air et des embruns, et sauter...

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24 Jan Une irrésistible envie de choquer

C'est probablement le moyen de couper les mauvais liens. Ceux qui sont trop forts, qui te  retiennent toujours en arrière, dans les mauvaises eaux de l'habitude, des humains qui se sentent mieux quand ils sont entre eux, à partager leurs sueurs et leurs humeurs. Plus on est de fous, plus on rigole. On se rassure. Ils ne veulent pas me laisser partir et j'étouffe. L'absurde est un bon moyen de choquer aussi. L'absurde vrai, pas le toc. C'est tout simplement quand tu as tout tiré jusqu'au bout. Au bout de la logique, des raisonnements et des certitudes des sales mortels que...

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23 Jan Fatigue

Une question est venue effleurer le cheminement de mes pensées. Je remontais la rue d'un pas pressé. Le ciel de fin d'après-midi déversait tout son fiel d'hiver, les vents, les pluies, le froid et la nuit galoppante, tandis que les reflets des vitrines grelottaient dans les flaques d'eau. Je tentais de m'enfuir, me soustraire plus vite de tout cela, voir si je peux encore, au bout de trois lignes, basculer. N'est-ce pas moi, finalement, que je ne supporte plus ? Est-ce l'effet de la fatigue, du creux de janvier et du manque de lumière et de chaleur ? Ou vous tous autant...

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22 Jan Maman

Maman, Ta main gauche repose dans ma main gauche, ma main droite danse toute seule sur le clavier, ce qui freine mon écriture. Celle-ci s'est ralentie presque autant que ton souffle. Je suis seul dans ta chambre, François vient de sortir se reposer un peu et rejoindre Marzena, Laetitia et Charles à l'hôtel. Nous passons sans doute nos dernières heures ensemble, physiquement, corporellement. Je suis merveilleusement ému et heureux d'être avec toi, serein, reconnaissant. C'était plus difficile tout à l'heure lorsque tu souffrais si visiblement. Nous arrivions de Paris, nous venions à peine de te retrouver. Tu avais eu le temps de...

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17 Jan Mauvais temps ?

Ces soleils ardents qui baignent tous les souvenirs de mon enfance, et que me rappelle l'esplanade du Louvre éclatante sous un ciel azur. Elle est sous mes yeux, côté Est, face à Saint Germain l'Auxerrois, dans sa minéralité pure et cruelle, qui ne retient aucun parfum, aucune des senteurs qui harcèlent ma mémoire. Ces soleils ardents, plus pour moi ? Le temps d'aujourd'hui, toujours insaisissable comme celui d'hier ? Combien de temps encore pourrai-je me consoler avec des promesses de lendemains enchantés ? Car lui, le temps, il continue sa course folle. Il n'est pas pour moi, il n'est pour personne,...

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