09 Fév Pluie
La pluie a commencé à tomber au début de la nuit, avant de redoubler de violence. Je ne peux plus dormir. J’entends ses déferlements qui la transforment en torrents qui, à leur tour, dégringolent dans les gouttières. Celles-ci résistent de leur mieux et dégorgent des flux continus dans une rumeur assourdissante. Le bruit tourne autour de moi, comme le vacarme d’une machine infernale, menaçant d’arracher la toiture à tout moment. Par la fenêtre, je vois l’eau qui envahit de tous les côtés. Au sol, les flaques se transforment en marres. Elle se rejoignent et remontent depuis le bas de la rue. Déjà, elles entourent la maison, puis elles submergent le jardin. Celui est très vite recouvert et l’eau commence à s’infiltrer à l’intérieur. Elle s’engouffre dans la cave, coule sous les portes, dévaste les fenêtres, monte progressivement l’escalier dans un silence inquiétant. Comme pétrifiée, la maison glisse progressivement dans l’élément froid et sombre.
Il faudrait la fuir avant qu’elle ne chavire complètement dans la masse liquide qui, inexorablement, l’absorbe. Une vague un peu plus forte la décroche et voici qu’elle dérive au courant qui, maintenant, dévale la rue et emporte tout avec lui.
Pourtant, je ne peux plus bouger. Je sens l’eau monter en moi, elle rentre par toutes les pores de la peau. Elle pénétre toutes mes veines et vient bientôt noyer mon cerveau qui ne peut résister. Je bascule à mon tour, je plonge dans un monde obscur et étrange. L’oubli.
Moraga, Californie
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