21 Mai Une fossette
Une fossette, au coin droit de son sourire. Quand je dis à droite, pour elle, c’est donc à gauche. Mais l’amour a dépassé cette première contradiction. Il est né aussi de ce détail adorable, et il y en avait d’autres...
« Écrire ! Verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite parfois que la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide… »
Colette, La Vagabonde
Une fossette, au coin droit de son sourire. Quand je dis à droite, pour elle, c’est donc à gauche. Mais l’amour a dépassé cette première contradiction. Il est né aussi de ce détail adorable, et il y en avait d’autres...
Un quart de seconde. Ça n’a pas duré plus longtemps, l’image avait déjà changé. Mais suffisamment pour illuminer mon regard comme le flash d’une photo en pleine nuit. Le film d’un groupe de musiciens s’était animé tout seul sur l’écran de mon ordinateur que je scrollais passivement. Une chanson entonnée tour à tour par des dizaines d’artistes confinés, que la technologie unissait pour partager un de ces moments d’émotion collective comme il y en a beaucoup sur la toile en ce moment. Une silhouette, une voix. Si fugace qu’elle avait déjà disparu avant que le réveil de ma conscience m’ait fait...
Si vous en avez l’occasion, essayez ! C’est impossible ! Je n’ai jamais rencontré d’étranger qui soit capable de prononcer correctement ces trois mots bout à bout : « une minute inutile ». Et vous pouvez me croire, car j’ai passé la moitié de ma vie à l’étranger. J’ai essayé mille fois de le faire dire à des polonaises, croyez moi c’était un jeu où je ressortais toujours gagnant face à des perdantes charmantes et amusées. Cela dit, je me demande si ce que je viens d’écrire a du sens. Probablement aucun, à moins de se proclamer expert en phonétique ou en linguistique, ce qui serait...
Le clignotement impatient d’un trait vertical et stupide me provoque. Celui qui s’affole en haut à gauche, sur ce document que le logiciel word vient d’ouvrir sur une page vierge… J’ignore où sa blancheur me mènera. Alors je laisse aller la plume qui frémit entre mes doigts et le clavier. J’en étais là où je suis toujours. À vous. À vous saluer toutes. Vous que mes nuits retrouvent après des jours vides peuplés d’espoirs, de valeurs ou de fantômes. Avec vous, les communions sont plus chaudes et plus tactiles. Elles partent du corps, de la contemplation d’un visage ou d’un sein,...
Mes paradis reculent, ils s’éloignent mais ne disparaissent jamais. L’ardeur ne s’éteindra sans doute qu’à ma mort : je ne pense pas que l’âge la diminuera, mais qu’il la sublimera vers des rêves plus éthérés ou plus spirituels. En attendant, je suis toujours vivant… Le désir d’écrire et d’aimer est trop profond, surtout celui d’écrire au sujet des femmes et de les aimer. Cette nuit, je pense que j’étais encore illuminé par la beauté de Fanny Ardant dont je venais de voir deux films en quelques jours. Je rêvais des femmes, de l’amour, de leurs corps et de leur grâce infinie. Je...
Le couloir est si long, on en distingue à peine le fond qui se perd dans la pénombre. Ce n’est que dans les derniers mètres que l’on voit une silhouette se détacher lentement. Une masse réfléchie, celle d’un homme assis sur une chaise qui semble aussi oubliée que lui, posée contre une porte où s’affiche un écriteau « sans issue ». Il est recroquevillé sur lui. Sa tête penchée repose sur son poing. Le coude enfoncé sur le genou, son avant bras supporte le poids de son silence sans bouger. Dans cet espace froid et dépouillé au sol luisant de propreté,...
Alors que monte la vague du virus, que les morts se multiplient, la polémique inouïe en France sur la chloroquine est une honte, à la hauteur de la honte de ne pas avoir de masques en quantité suffisante pour les soignants et tous ceux qui sont en service-sacrifice civique, des policiers aux éboueurs ! Alors que les chinois ont testé la chloroquine à grande échelle avant de la pratiquer avec efficacité, qu’à leur tour les américains (ma fille qui habite New York m'apprend que le gouverneur de la ville, pas spécialement pro-Trump, a décidé que tous les malades atteints par...
La page blanche me fait hésiter. À quoi bon renouer avec l’écriture ? Il semble qu’elle appartient au monde des rêves que l’on ne peut que rêver. Ou dont il faudrait se méfier aussi, parfois. Je me suis déporté, ou métamorphosé vers la spiritualité. C’est un autre monde. Plus vrai peut-être, plus partagé. Et aussi, et surtout parce qu’il y a le Christ. Je crois que je crois plus en lui qu’en moi-même. Je sais que j’existe, mais tellement inachevé, tellement hésitant… Tandis que lui, je crois qu’il est au cœur de moi et du monde et de chacun d’entre nous. Je sais...
– Ce n’est pas possible que le monde ait été créé pour subir de telles nuisances » Une mobylette venait de démarrer juste devant nous, en dégageant un nuage bleuté pestilentiel. Elle avait vite disparu au bout de la rue, qu’elle avait noyée d’une pétarade insupportable. Un de ces bruits de moteurs poussés à fond pour la frime, et qui sonnent aussi faux qu’une voix de crécelle, le volume maximum de décibel en plus. Je cherchais du sens. À la création du monde, à ma propre existence. Je n’en voyais pas beaucoup autour de moi. Je continuais de l’interpeller : – et l’attente ?...
Je suis dans mes ombres et mes décombres… Ces jours sans lumière, sans ciel, comme si l’azur, les nuages ailés et clairs étaient partis pour toujours. La vie des hommes m’enfonce. De mes erreurs, de mes naïvetés, je les connais, je les subis, je n’en ai rien à faire… Lui sait me reconnaître. Quand je tombe au creux de moi, ce creux qui glisse forcément en abysse, Lui m’y attend. Silencieusement, tendrement, sans geste et sans mots dérisoires. Sa présence est tout. Le Seigneur est mon berger. Je ne manque de rien. Il me mène sur ses verts paturages. Je ne manque de rien....