Une fossette

21 Mai Une fossette

Une fossette, au coin droit de son sourire. Quand je dis à droite, pour elle, c’est donc à gauche. Mais l’amour a dépassé cette première contradiction. Il est né aussi de ce détail adorable, et il y en avait d’autres… Dès qu’elle souriait, ce point mystérieux se creusait au bord de sa bouche. J’étais aspiré par les profondeurs merveilleuses que son visage révélait, avant même de découvrir celles de son corps où j’irai communier tout entier avec elle.

Un peu plus tard…

En attendant, je me ravissais de sa beauté, de sa grâce. J’étais submergé. Je recevais, en fait, des doses d’amour tellement fortes qu’elles suffiraient à nourrir les vies de cent amoureux.

Un être se révélait à moi. Pour moi, la rencontre s’initiait dans la bascule progressive de tout le mien dans le sien. Je n’avais jamais imaginé de tels bonheurs.

Trente ans ont passé. Nous étions très jeunes, nous avons donc la chance de l’être encore un peu. Les années ont passé leurs plis heureux et douloureux. Il y en a eu tellement que j’aurais pu oublier mille fois la passion originelle. Mais si son sourire se dessine moins souvent, la fossette est toujours là.

J’y suis tombé en amour. Celui qui ne s’efface jamais. Il est inscrit au ciel, au registre des  fiertés humaines : celles de nos actes les plus beaux et les plus vrais. Ce grand tableau que nous accrochons, juste à côté de celui des anges, au regard satisfait de Dieu. Il aime le contempler chaque jour avant de faire sa sieste, pour mieux s’endormir.

Il y a, dans ce petit creux de chair, dans ce détail infime comme mille autres étincelles qu’elle porte en elle, l’essence de son être. Ce qui ne peut pas disparaître. C’est la beauté et la grâce d’une jeune femme éternelle, celle que j’ai rencontrée il y a trente ans. Celle qui, au cœur de son cœur et du mien, dans sa beauté et sa féminité, ne vieillira jamais.