26 Mai À mon image et ma ressemblance
Je n’ai jamais eu de quête de Dieu fébrile, inquiète ou fanatique. Je crois l’avoir souvent rencontré dans ma vie, il est vrai que les preuves de son existence ne manquent pas, à commencer par la beauté de la nature, l’infini du ciel ou le chant des oiseaux. Le plus souvent, longtemps, elles m’ont suffit. Et s’il y a de longs moments dans ma vie où j’ai cessé de penser à lui, ou de croire en l’image que les hommes ont fabriqué de lui, je n’étais pas non plus plongé dans des tourments insoutenables.
Je crois, et je ne pense pas. J’ai cette chance de ne plus chercher à comprendre ce qui me dépasse, comme l’enfant qui voudrait l’immensité de l’océan dans son seau de plage. J’ai reçu cette grâce, il y trois ou quatre ans, d’éprouver l’infini tendresse de la présence du Christ dans mon cœur. Et cette présence ne m’a pas quitté.
Depuis, le doute n’est pas revenu recouvrir son visage. Cela m’étonne presque. C’est l’évidence. Je crois que Jésus a réellement existé. Qu’il est l’homme dont le message et l’action ont le plus profondément marqué l’histoire de l’humanité, au point d’entamer une véritable révolution de la pensée, des actes et des sentiments des hommes. Particulièrement auprès des plus pauvres qui sont rétablis dans leur dignité. Auprès de tous nos proches et de nos moins proches, qu’il faut aimer et accepter jusque dans leurs plus grandes faiblesses. C’est son commandement ! Et avec soi-même, que l’on peut aussi eet enfin accepter, pardonner, aimer.
Je crois que Jésus est Dieu, qu’il est l’envoyé de Dieu, et qu’il est ressuscité. Qu’il a vaincu la mort, le mal et la souffrance. Je crois à tout cela, et cela me fait du bien d’y croire. La beauté de son visage est inoubliable des yeux de mon cœur.
Le reste, c’est du mystère pour moi. Les explications sur Dieu, la Trinité, l’Esprit Saint, j’ai du mal à comprendre. Ça me dépasse aussi, et j’ai assez de mal à assimiler les interprétations qu’on nous enseigne. Toutes, ce sont pour moi des constructions malhabiles de mystères que l’on tente de réduire à notre faible compréhension humaine. Ne parlons pas du mystère de la Vierge et de l’Immaculée Conception. Là, j’ai encore plus de mal, surtout que j’y vois aussi trop une des failles de l’humanité qui ne comprend pas la femme. On sublime un chaste angélisme qui fausse la compréhension de la sexualité, et qui a considérablement nuit à la place donnée à la femme dans la société et la religion.
Pourtant, Marie devait être une femme vraiment extraordinaire, puisque c’est elle qui a donné la vie au Christ, elle qui l’a élevé et qui l’a accompagné jusqu’à sa mort.
Tout cela n’est pas très grave. Je comprendrai après ma mort, quand je serai élevé à la réalité éternelle où tout d’un coup on voit et on comprend tout. Je serai dans l’amour éternel et divin. Et c’est parce que je serai dans cet amour que tous les voiles se lèveront.
Tout ce qui me paraissait si incompréhensible, je le comprendrai en un instant. Cela ne sera pas difficile : les yeux de l’amour sans limite n’auront plus de limites. Il y aura un tout divin, où je serai à la fois un et autre, uni au tout et singulier. Et je verrai alors que tout ce que je pressentais, tout ce que je sentais et désirais, tout ce dont je rêve, c’est Dieu. Je comprendrai parce que j’ai déjà tout cela dans mon cœur, depuis ma naissance, depuis même le projet divin qui a initié ma création comme celle de tout ce qui est créé. Tout est dans mon cœur, appelé à la communion éternelle avec tout. Tout est en moi déjà : le divin est à mon image et à ma ressemblance, porté à l’infini et à la perfection.
Ce soir, j’exprime tout cela bien mal. Mais je sens bien que l’intuition est bonne et qu’il valait mieux la noter plutôt que de la laisser filer.
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