Disgression

23 Juin Disgression

Comme celle des vernis trop lourds qui finissent par craquer, avec le temps… Cette couche de brillant me pèse. On dirait un miroir, où les gens biens aiment se refléter, tout en me décochant au passage un petit signe d’approbation, du haut de leur main. Ils apprécient, parce que le vide de ma présence ne leur renvoie qu’une image rassurante d’eux-mêmes.

Je sens pourtant des parfums remonter. Ceux qui traversent la transparence chimique, ceux qu’exhalent les matières et les essences naturelles et profondes.

Enfant, je voulais plaire à ma mère. Je voulais surtout alléger des peines qu’elle ne savait absolument pas me cacher. D’une part, j’étais intuitif. Je vibrais sur la même fréquence qu’elle, donc je comprenais et m’imprégnais de tout ce qu’elle était. D’autre part, elle sentait bien la proximité d’une âme presque jumelle à la sienne. Elle en profitait sans doute un peu.

Âme sensible à pleurer sur toutes les tristesses du monde comme un petit chose, je décidais avant même d’en avoir conscience que je soulagerai les peines des autres. Moi, je serais toujours correct, poli et respectueux. Plus que cela… Je serais prévenant.

Tout cela pour vivre l’ennui et le fané. On essaie de tout sublimer avec des valeurs, tandis que la beauté, les femmes et la vie tout court défilent.

Cette transparence est devenu gluante comme une gelée pas fraîche, j’y suis prisonnier comme ces insectes fossilisés dans l’ambre.

Pourtant je ne suis pas encore mort… Trouverai-je une sortie ?

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