25 Mai En quelques gestes
En quelques gestes, nous avions tout retrouvé. Comme si nos corps avaient mémorisé l’amour, ils n’avaient plus qu’à répéter les mêmes rituels sacrés et, à tous les coups, rayonnants et guérisseurs.
Le silence accompagnait chacun de nos mouvements : nous savions que notre étreinte, l’enchaînement des cérémonies qui s’ensuivait était la meilleure des paroles entre nous, mille fois apprise, mille fois répétée déjà au cours de nos étreintes passées. D’abord la cérémonie des visages, des bouches jointes aux lèvres ouvertes et aux langues emmélées. Déjà, nos souffles ne faisaient plus qu’un. Je ne savais plus qui de nous expirait, inspirait, respirait, et nos yeux ne se quittaient plus, nos cils ne clignaient plus. J’aimais que vous fermiez vos paupières, je contemplais alors leur courbe asiatique.
Puis venait la célébration de nos corps entiers et enfin rapprochés pour ne plus jamais, jamais se séparer. Les doigts avaient bientôt délivrés nos coeurs qui battaient enfin l’un contre l’autre. Je m’émerveillais aux délices de votre poitrine, à droite, à gauche, et ma tête dansait d’un mont l’autre, tandis que ma bouche ravissait les chairs roses que vous érigiez après quelques soupirs plus longs et profonds.
Vous aimiez que je contemple vos seins, que je leur témoigne toutes les marques de mon adoration et de mon imagination enfin débridée. Et moi, je me perdais de joie dans vos beautés si nombreuses, les déserts et les dunes de votre corps qui m’offrait encore tous ses oasis de réconforts.
Maintenant, notre harmonie et notre complémentarité était entière. Je savais, au rythme machinal de notre communion, que nous pénétrions dans l’éternité. À chaque fraction de seconde, je comprenais que toute ma vie, la vôtre aussi, était dans l’instant. Jamais je ne m’étais senti aussi proche de vous, comme à chacune de nos étreintes. Et l’accord et la paix qui rêgnaient en moi étaient absolus.
Nous étions doués pour l’amour physique, qui reflêtait celui de nos coeurs.
Dites-moi, pourquoi ne sommes-nous pas devenus éternels ? Pourquoi n’avons-nous pas encore basculé pour de bon ? Pourquoi le temps veut nous distraire et nous éloigner de nos étreintes ?
à M
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