le Dieu Impatient

Blog

« Écrire ! Verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite parfois que la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide… »
Colette, La Vagabonde

 

24 Jan Une irrésistible envie de choquer

C'est probablement le moyen de couper les mauvais liens. Ceux qui sont trop forts, qui te  retiennent toujours en arrière, dans les mauvaises eaux de l'habitude, des humains qui se sentent mieux quand ils sont entre eux, à partager leurs sueurs et leurs humeurs. Plus on est de fous, plus on rigole. On se rassure. Ils ne veulent pas me laisser partir et j'étouffe. L'absurde est un bon moyen de choquer aussi. L'absurde vrai, pas le toc. C'est tout simplement quand tu as tout tiré jusqu'au bout. Au bout de la logique, des raisonnements et des certitudes des sales mortels que...

Lire la suite...

23 Jan Fatigue

Une question est venue effleurer le cheminement de mes pensées. Je remontais la rue d'un pas pressé. Le ciel de fin d'après-midi déversait tout son fiel d'hiver, les vents, les pluies, le froid et la nuit galoppante, tandis que les reflets des vitrines grelottaient dans les flaques d'eau. Je tentais de m'enfuir, me soustraire plus vite de tout cela, voir si je peux encore, au bout de trois lignes, basculer. N'est-ce pas moi, finalement, que je ne supporte plus ? Est-ce l'effet de la fatigue, du creux de janvier et du manque de lumière et de chaleur ? Ou vous tous autant...

Lire la suite...

22 Jan Maman

Maman, Ta main gauche repose dans ma main gauche, ma main droite danse toute seule sur le clavier, ce qui freine mon écriture. Celle-ci s'est ralentie presque autant que ton souffle. Je suis seul dans ta chambre, François vient de sortir se reposer un peu et rejoindre Marzena, Laetitia et Charles à l'hôtel. Nous passons sans doute nos dernières heures ensemble, physiquement, corporellement. Je suis merveilleusement ému et heureux d'être avec toi, serein, reconnaissant. C'était plus difficile tout à l'heure lorsque tu souffrais si visiblement. Nous arrivions de Paris, nous venions à peine de te retrouver. Tu avais eu le temps de...

Lire la suite...

17 Jan Mauvais temps ?

Ces soleils ardents qui baignent tous les souvenirs de mon enfance, et que me rappelle l'esplanade du Louvre éclatante sous un ciel azur. Elle est sous mes yeux, côté Est, face à Saint Germain l'Auxerrois, dans sa minéralité pure et cruelle, qui ne retient aucun parfum, aucune des senteurs qui harcèlent ma mémoire. Ces soleils ardents, plus pour moi ? Le temps d'aujourd'hui, toujours insaisissable comme celui d'hier ? Combien de temps encore pourrai-je me consoler avec des promesses de lendemains enchantés ? Car lui, le temps, il continue sa course folle. Il n'est pas pour moi, il n'est pour personne,...

Lire la suite...

16 Jan Diane d’Iéna

Une vraie marquise. Elle a tout pour elle. Jolie, très jolie, chevelure blonde à bonne longueur et retenue en arrière par un catogan pour découvrir son front poétiquement penseur, lèvres fines sans être trop minces et discrètement empourprées, immenses yeux bleus dont les mille reflets hésitent entre le pâle et l'intense, nez admirablement droit et menu, teint de peau un peu mat, maquillage très savant et presque invisible. Le chic parisien, la sensualité dissimulée sous les traits de la bonne éducation et du bon sang. Finesse, beauté, charme. Le monde est vraiment trop injuste, tant mieux ! Lecteur, tu l'aimes déjà...

Lire la suite...

15 Jan Brûlons Rosny-sous-Bois

Une dernière pour la route. Je déteste aussi les informations traffic, à la radio. Rosny-sous-Bois, Bison Futé, triangle de Roquencourt, A4, nationale 1. Avec tous leurs messages qui polluent nos radios le matin, elles me donnent la chair de poule. En inhumanité, elles sont pas mal aussi. Vous savez, ces spots sponsorisés et accompagnés de jingles lourds, insipides, entêtants et insistants, qui reviennent toutes les demi heures. Une merveille de bêtise encore ! Pourquoi ? Avez-vous remarqué ? On y annonce les accidents comme s'ils étaient aussi banals et statistiques que les dépressions d'anticyclones. On sent bien qu'ils sont provoqués par des...

Lire la suite...

13 Jan L’Érotisme dans l’Art, et pas seulement

Acheté tout à l'heure le - très bon - cahier spécial du Nouvel Obs sur "L'Érotisme dans l'Art". Feuilleté, et surpris de découvrir notamment cette heureuse pratique de contourner l'interdit qui parcourt l'histoire de la peinture, depuis la Renaissance. Il s'agit de ces nombreux tableaux qui peignent Vénus ou "Léda et l'empire des Cygnes", où des déesses sont aux prises avec des cygnes au cou phallique et aux forts désirs de conquête de leurs merveilleux corps féminins. Ils l'ont tous fait : Rubens, Véronèse, le Tintoret, Delacroix, Manet, Boucher, Géricault, Dali...

Lire la suite...

10 Jan Tout moche

J'aurai dû m'en douter. Avec un front aussi protubérant, tu en cachais un autre, beaucoup plus serré et mesquin. La raison sans doute pour laquelle tu l'avais recouvert d'une plastique plutôt disgracieuse et mal camouflée de fausses boucles, de menton mal rasé et de grandes écharpes. Elephant Man ? La vraie face, la laide, elle est encore plus inintéressante que la prothèse qui te sert de visage. Au moins. Allez, j'ose enfin te l'avouer, du haut de mon monticule blogesque : Ce profond malaise que j'ai toujours ressenti en face de toi, et cela fait des années qu'on se subit - de...

Lire la suite...

10 Jan De vrais pros

Était-ce le charme très secret des déjeuners d'affaire ? Où, justement, nul ne semblait vraiment à son affaire. Toi, Dominique, tu venais à peine de t'asseoir que tu étais pris de tics, tu te retournais sans cesse. Comme si tu cherchais mieux ou, pire, que tu craignais que le diable t'aie retrouvé. Tu reniflais fort, sans doute pour chasser les mauvais esprits. Toi, Martin, à côté de moi, tu n'y étais pas non plus. Tu envoyais des sms, tu en cherchais d'autres dans ton téléphone. Soit-disant pour faire avancer le semblant d'échange qui rasait bas entre les couverts et les miettes...

Lire la suite...