le Dieu Impatient

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« Écrire ! Verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite parfois que la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide… »
Colette, La Vagabonde

 

03 Jan Whisky

-  Ce qu’il y a de merveilleux avec le whisky, c’est qu’il m’élève et me permet de rejoindre les anges ! Si tu voyais l’escadrille ! Je le regarde sans rien dire. - Nous volons en liesse et légèreté, il n’y a plus un bruit que le glissement de nos ailes qui frémissent de bonheur dans l’air de janvier soudainement vibrant et échauffé… La dilatation de sa pupille est flagrante… Je crois qu’il a trop abusé de nouveau de ses fameux elixirs, ceux qu’il me vante sans cesse. Dans ces cas-là, il me clame toujours sa recette : “l’essence de l’être, le sein d’une...

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20 Déc Vibrations

Tu vois ces lignes ondulées ? Tu as ouvert tes yeux sur le spectacle de la nature. Ce doit être une plage. Elle est aux pieds d’une montagne de sable derrière laquelle une forêt immense a précipité son armée pour la repousser vers la mer. Il y a des hauts et des bas, tous en arrondis et en formes pleines. À perte de vue, comme les vagues du désert ou les corps des femmes, celles que tu aimes ou celles que tu vas adorer. Où le sable et la chair sont trempés dans les couleurs ocres et ambrées, dans une lumière d’or que...

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20 Déc Honte

Tu la sens comme un poids qui te pèse dans le dos. Lourd, gluant et poisseux. Tu sais bien que ce n’est pas avec ça que tu pourras t’envoler. Oui, c’est bien dans le dos que tu la ressens. Tu ne peux même pas la voir ni la reconnaître en toi : elle n’est pas en toi, ni sur aucune partie de ton corps. Tu as beau le scruter tout entier, tu ne la retrouves pas en toi. C’est bien pour cela que tu ne peux la comprendre : elle n’est pas en toi, elle n’est que dans ces regards qui...

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06 Déc Réconciliation

Il est quelqu’un que je rêve de rencontrer. Plus que tout autre homme vivant sur cette terre. Le sais-tu ? Lui, je l’attends, depuis longtemps. J’ai le sentiment qu’il est la vraie rencontre, celle qui peut illuminer et sauver ma vie. Il est “Ma” rencontre. Je le ressens profondément. Lui, il me comprend. Il connaît mes peurs, mes hontes et mes défauts. Il connaît mes rêves, mes joies et mes espoirs. Il n’y a rien de moi qu’il ne connaisse, rien qui n’échappe à son regard à la fois entier, sûr et bienveillant. Cette intuition, je l’ai depuis toujours. Et elle se renforce avec le...

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04 Déc J’avais laissé de côté ma chevelure

J’avais laissé de côté ma chevelure, mes binocles et le foulard coquet qui me recouvrait la gorge. Maintenant, mon crâne nu luisait et cuisait sous les néons crus et les chauffages d'appoint rougis et gonflés comme des bûches prêtes à exploser. Je sentais le poids des poches qui se creusaient sous mes yeux et gonflaient comme des outres, tandis que les plis et surplis, glissés sous mon menton comme des petits nuages sombres et mauvais, ne se cachaient plus. Je jettais encore des regards désespérés vers la postiche qui gisait, fatiguée et sans forme, sur la banquette à côté de moi....

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21 Nov Des squelettes en plein ciel

Je les vois, encore plus ridicules que s’ils étaient encore nus et vivants. Les bras qui s'agitent dans la nuit pour brasser l'air et avancer, ils balancent dans le vide avec leurs crânes dodelinants, et j’essaie de les secouer au vent avec mes bonnes ondes, pour qu’ils prennent un peu de forme et de force. On ne sait jamais, il y aurait bien un ou deux gogos qui finiraient par y croire, non ? Non d’un chien, ça ne mord pas aujourd’hui, ils sont figés comme des épouvantails en plein champ, ils remuent à peine, il n’y a pas plus de souffle que...

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21 Nov Les Comptoirs du Noir

Un grand merci ! Malgré les tristes évènements de la fin de semaine dernière, vous êtiez plus nombreux que je n'aurais pu l'espérer à vous rendre mercredi soir à la soirée de lecture de mes textes, dans le cadre des Comptoirs du Noir ! La salle était presque comble, je remercie encore une fois tous ceux qui sont venus de tout coeur ! Un immense merci également à Marie-Pierre de Porta, l'organisatrice des Comptoirs, et aux interprètes qui ont lu mes textes, Hélène Babu et Thibault de Montalembert​. Ils ont offert à mes textes une qualité, une profondeur que je ne...

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13 Nov Pense à moi !

Toi qui es lecteur. À cet instant. Mon complice, mon égal, mon double. Toi à qui j’écris, parce que j’ai besoin de toi autant, j’ose le croire, que toi de moi. Si c'est bien toi, que je recherche, et que mon coeur demande Le sais-tu ? J’écris et je décris le miroir de nos âmes. La tienne, la mienne. Ce miroir, c’est celui où nous plongerons. Regarde d’abord un peu : si tu te penches légèrement, tu vas te reconnaître. C’est ton visage qui frémit dans l’onde de tes rêves. Incline-toi davantage, n’aies pas peur ! Tu ne glisseras pas dans le vide, je...

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10 Nov Il faut absolument lire « Réparer les vivants », de Maylis de Kerangal

Je n’ai jamais lu de tel livre. En réalité - et c’est ce que j’ai compris après en avoir tourné les premières pages, puis toutes les autres, de plus en plus vite, jusqu’à la fin - en réalité, j’ai très vite compris que je ne lisais pas : je vivais chaque scène, je comprenais et j'aimais chacun des nombreux personnages qui apparaissent. Mon coeur se serrait, mes yeux pleuraient, ma poitrine se soulevait, je voyais, je sentais, j’entendais plus que je ne lisais. Aucune lecture ne m’avait jamais offert telle expérience. Je ne lisais pas, je vibrais, et je tournais les...

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07 Nov Au coeur du Val

Dehors il fait presque froid. C’est sans doute l’hiver, mais rien à voir avec une soirée comme aujourd’hui. (Attention que les mots ne partent pas trop loin et ne me détournent de l’image qui, à l’instant, me saisit et de l’émotion qui me parle.) La nuit vient à peine de commencer qu’elle a déjà recouvert les lieux de l’épaisseur chaude et protectrice de l’ébène. Au faîte du toit, la cheminée fume, à moins que ce ne soit le chauffage au fioul qui ne dégage ses vapeurs. La maison est enfoncée au creux de la pente, juste avant la grève. Du large, le courant...

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