le Dieu Impatient

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« Écrire ! Verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite parfois que la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide… »
Colette, La Vagabonde

 

13 Nov Le cheveu et la frite

Bandes de médiocres ! Ça me fout en rogne, cette façon de réduire le langage et de singulariser ce qui ne le devrait pas. Mais qu’est-ce qui vous prend ? Quand je vais chez le coiffeur ou au macdo (quand j’y allais, mais heureusement sur ce point-là, mes enfants ont grandi), rien de plus énervant que de subir votre sémantique soit-disant distinguée…  Vous avez le nez tellement collé au guidon que vous finissez par les diviniser, vos héros , et vous avec ! Vas-y ! Et je te lave ton cheveu avec ça, et je te le coupe comme ça, parce qu’il...

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13 Nov Jeu de dupes *

Non, non ! Attention, il doit y avoir maldonne ! Le malade, ce n'est pas moi, c'est toi ! Comment dire ? Comment te dire ? Je ne voudrais surtout pas te brusquer ni, à nouveau, te mettre dans ces colères terribles dont tu as le génie et qui me terrorisent. Mais je voudrais quand-même que tu comprennes… Bon, d’accord, je te le cède bien volontiers. Moi aussi je dois bien avoir quelque chose. Nous avons TOUS quelque chose ! À des degrés divers, oui, mais nous sommes tous… tu le dirais comment ? … oui, fragiles! Pour ne pas dire dingues. Toi, c’est justement ta...

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12 Nov Jeu de paumes

Mon amour, qui y a t’il de mieux, parfois, que de masser ta main ouverte avec la mienne, caresser lentement ton bras, échanger nos chaleurs et frotter nos épidermes ? J’ai lu récemment que le pire, pour les condamnés qui, aux États Unis, croupissent des années dans le couloir de la mort, c’est l’absence totale de contact humain. Jusqu’au moment même de l’exécution, quand ils quittent leur cellule sous le regard impuissant de leurs voisins d’infortune, l’étreinte de l’adieu ou la main tendue leur est refusée. Ils n’auront droit qu’à la sangle rèche qui enserre durement le corps des suppliciés, leur...

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09 Nov Lobotomisation

Pourquoi ce mal étrange qui me coupe de plus en plus du monde ? Quelque part, je voudrais utiliser l’écriture pour revenir au monde. Mais je ressens en même temps cette nécessité d’écrire comme un élan fatal, un absolu inhumain. Celle qui m’appelle si profondément à me retrancher, à refaire le monde pour lui donner les notes, les touches d’émotions et de couleurs que je ressens. Je ne peux plus imaginer comment vivre sans, avant tout, trouver le moyen de m’exprimer. Et je n’en ai plus d’autre… Le monde me manque, les hommes et surtout les femmes me manquent… Et...

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09 Nov du procès et des rêves

C’est une de ces périodes dont j’ai toujours sû qu’elle se produirait quelques fois dans ma vie. Depuis que j’ai rencontré mes grands maîtres, à la fin d’une adolescence brumeuse, j’ai compris qu’ils me serviraient de tuteurs, à leur manière, et que ma vie, plus tard, m’offrirait quelques nouveaux cycles où je les revisiterais… Ces auteurs qui m’accompagnent au quotidien, les piliers qui soutiennent et éclairent souvent, à moins qu’ils ne les orientent parfois, mes labyrinthes intérieurs. Le cercle s’est un peu élargi avec le temps, mais il n’est pas très grand : Kafka, Dostoïevski, Céline, Baudelaire. Albert Cohen, Romain Gary et...

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07 Nov Un sourire

Mon pas est si lent qu’il ne peut même soulever les feuilles mortes et mouillées qui collent au trottoir. Et mon regard, si souvent perdu, s'accroche à tous les passants que je croise. Je le sais, on me l'a déjà dit, je le devine, ce regard trop fixe. Comme un abandon, une quête, presqu'un appel au secours. Ce vieil homme vient de me sourire. Il semble même qu’il a hoché légèrement la tête. Pourquoi ?  Qu'a t'il reconnu ? La même perte, le fantôme d'un autre ou ma tristesse ? Merci, honorable vieillard, pour ce petit rayon d’humanité....

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05 Nov miserere

de mes doigts mouillés et dégoulinants sur le clavier, tant pis, car j’ai dû ressortir de mon bain pour écrire ça avant d’oublier et j'ai laissé sur le sol les empreintes de mes pieds mouillés, elles montrent déjà la voie, je l'ai vu après...

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04 Nov Un pont trop loin

J’ai vu le soleil qui montait en haut d’un ciel pourtant bas, comme il l’est toujours ici dès que l’hiver s’installe. Un beau disque orangé qui rasait au dessus des nombreux grattes-ciel qui courronnent la ville moderne. J’avais un peu de temps. Je décidais une courte excursion et montais déjà la rampe piétonne aménagée le long du pont très long qui enjambe le fleuve. En contre bas, je laissais bientôt les berges sauvages de Praga, quelques bancs de sable peuplés d’ajoncs et d’herbes hautes et rebelles, et je distinguais les empreintes innombrables d’animaux ou des passants qui viennent baguenauder sur...

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04 Nov à son image et sa ressemblance

Un vrai porc, ce fils de dieu… il paraît qu’il a été créé à son image et à sa ressemblance, lui aussi… Bonjour Dieu, je préfère alors ne pas vous connaître si c’est comme ça. Tu comprends, dans le lounge business Air France, tout est gratuit, avec l'ennui en première et même en seconde couche. Alors, on ne va se priver. Il paraît même qu'il y en a que ça rend fou. Et le porc, pendant le temps, il ne se prive pas. Il ne se contente pas que d’être vieux, il est laid, le visage grélé de cratères, mais je...

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