le Dieu Impatient

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« Écrire ! Verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite parfois que la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide… »
Colette, La Vagabonde

 

03 Oct Remercier Gonzague

Connaissez-vous Gonzague ? En fait, je sais trop bien que non, il m’a tout dit. Je connais presque tout de lui, je sais donc qui le connaît un peu et surtout que vous ne le connaissez pas. Gonzague n’a pas de secret pour moi. Enfin, c’est ce que je crois… Gonzague gagne à être connu. Lui en est persuadé, je le suis aussi. Il est un être ardent, généreux, fougueux, passionné. Il sait être attentif et délicat. Il est attentionné : son souci est toujours de servir avant de se servir, ça je le sais aussi. Gonzague est un être qui porte...

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27 Sep Vide

C’est à ce moment que le vide me semble béant, effarant et étourdissant. Mon téléphone vient de glisser de la main. Je l’ai reposé négligemment sur la table, sans me rendre compte, concluant de ce geste une journée d’actions, de contacts, d’échanges, de dialogues et de rencontres. Pour me retrouver seul, au côté de ce vide. L’intensité de sa noirceur me tente, tant il me semble qu’il n’y avait rien d’autre, aujourd’hui, que du vent, des vagues, des bruits et des paroles creuses. Beaucoup de tentatives humaines autour de moi, autant que les miennes, dont il ne reste que des miettes. Rien qui...

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26 Sep Suis-je normal ?

Pourquoi me regardez-vous comme ça ? Marcher dans les rues deviendrait presque un vrai calvaire, surtout celles qui me rapprochent de chez moi. Trop de visages connus et reconnus, lourds et soupçonneux. Je sens le poids de vos regards qui vrillent mon dos et mes tempes tandis que je remonte le boulevard jusque chez moi en feignant de vous ignorer tous. En revanche… Le savez-vous ? J’ai trouvé mieux que vous ! Plutôt que de mendier vos gestes, vos corps ou vos sympathies, je crois que j’ai fait meilleure rencontre. Souvent, presque toujours peut-être, elle allège et réjouit mon coeur. Il s’agit de mes...

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23 Sep Dépossédée

C’est vrai, il ne faut jamais se fier aux apparences… Si je viens à mon tour de me soumettre à cette évidence, c’est bien-sûr en payant le prix d’une amère désillusion. Si vous le voulez bien, lisez ces quelques lignes, peut-être vous aideront elles si, par malchance, vous étiez amenées à le rencontrer. Je crois que j’ai déchiffré son mystère, à mes propres frais, je voudrais essayer de vous le transmettre. Peut-être la connaissez-vous déjà ? Son ingénuité, son apparente limpidité, sa candeur… Il vous ferait croire qu’il sort du ventre de sa mère et qu’il ne rêve que d’y retourner...

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22 Sep Sans aucune pudeur

Sans aucune pudeur, elle écrase les moustiques les uns après les autres, devant moi, sans même prêter attention à ma présence et mon coeur se serre de poisseuse solidarité pour ces insectes confrères… Le téléphone en main qu’elle tient comme un poignard, elle fait défiler de l’autre les importuns messagers sous son doigt sec et tendu. Cérémonieusement et comme en tutu, ils apparaissent silencieusement sous le verre de l’écran, glissent là-bas de la droite vers la gauche et tentent une immobilité centrale, en haut, de face, comme de vraies proies en plein désert de cristal… Muet et figé, je vois tout du...

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14 Sep Escape

Tu me parlais du sexe de tes amants, que tu aimais prendre en photo pour les envoyer en sms à ta meilleure amie. Moi je te parlais des arbres dont je te révélais les mystères. Je les prenais aussi en photo, pour les publier sur mon blog. Y avait-il un léger décalage? Je rêvais déjà que le mien figure à son tour dans ton catalogue. Mais tu n’étais déjà plus là… Pourtant, tu étais apparue. Le miracle t’avait produit des brumes du temps, notre temps, ou de l’espace, ou des deux. J’étais pris au jeu cruel de la beauté et de la féminité, les tiennes… Je...

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10 Sep Extase

Le coeur pressé, l’angoisse qui montait à la gorge, je bousculais presque les passants trop nombreux en ce samedi de ville et me précipitait vers le jardin du Luxembourg avec une fébrilité inhabituelle. Il me fallut marcher longtemps, les écouteurs vrillés aux oreilles et martellant des mélodies lourdes avant que je vienne reposer enfin cette fin d’après-midi au près d’une des pelouses où j’aime échapper mes pieds nus. Le soleil était encore fort et m’étourdissait. C’est à ce moment qu’une très jolie jeune femme est venue s'asseoir à côté de moi. Elle était accompagnée d’une amie de son âge. Les deux semblaient...

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07 Sep Décrochages

Cela ne dure jamais plus de quelques secondes… En fait, c’est tellement rapide que je ne pourrais même pas vous dire si cela dure vraiment plus qu’une fraction de temps… À peine ai-je pu m’en rendre compte que cela disparaît pour un retour à la normale. Pour revenir une autre fois, un autre jour ou quelques heures plus tard. Je ne sais jamais. C’est très rare et ne prévient jamais. C’est comme une fréquence qui saute. Vous savez, sur une radio ou une télévision, quand l’image ou le son décrochent sans produire un effet compréhensible ni même logique… On tape sur...

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03 Sep Poudre d’or

J’avais rapproché les paumes de mes mains mouillées par la mer et encore couvertes de grains de sable. J’avais frotté l’une contre l’autre. Au début, j’étais un peu distrait. Je regardais au loin le ciel qui se perdait dans l’horizon, j’écoutais les mille bruits de la plage et du bonheur, et je m’amusais du picotement joyeux de mon épiderme au contact de cette poudre d’or. Avais-je abusé du soleil et des bains dans les vagues étonnamment chaudes de l’après-midi ? Si j’avais cru que le filet de sable s’écoulait vers le sol, une étrange lampe d’Aladdin s’était soudainement formée au creux...

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31 Août Du mauvais côté

C’est ce qu’il disait, adossé au mur de pierres que les rayons du soleil avaient réchauffés de longues heures, depuis que le matin, un de plus, s’était ouvert sur un ciel où seuls quelques nuages blancs défilaient avec élégance sur le velours de l’azur céleste, poussés par des vents chauds venus souffler jusque sur la terre, en dessinant l’écume au loin et en faisant parfois s’envoler des particules de sable et de poussière qui s’entrelaçaient et dansaient dans l’air léger. Lui seul adossé au mur dont la dureté rapait sèchement contre son dos. Lui seul, sans doute, du mauvais côté :...

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