03 Sep Poudre d’or
J’avais rapproché les paumes de mes mains mouillées par la mer et encore couvertes de grains de sable. J’avais frotté l’une contre l’autre. Au début, j’étais un peu distrait. Je regardais au loin le ciel qui se perdait dans l’horizon, j’écoutais les mille bruits de la plage et du bonheur, et je m’amusais du picotement joyeux de mon épiderme au contact de cette poudre d’or.
Avais-je abusé du soleil et des bains dans les vagues étonnamment chaudes de l’après-midi ? Si j’avais cru que le filet de sable s’écoulait vers le sol, une étrange lampe d’Aladdin s’était soudainement formée au creux de mes mains magiques : des volutes de minéraux aériens et scintillants s’élevaient maintenant et dessinaient des silhouettes qui me rappelaient étrangement toutes les belles que j’avais croisées quelques minutes, quelques heures plus tôt.
C’était vous, sylphides éblouissantes de beautés et des charmes de vos féminités et de vos traits que l’été dévoilait dans tout leur éclat. C’était vous, l’une après l’autre, que j’avais croisées en cet après-midi de délices où il avait été décrété là-haut que toutes les femmes seraient belles et désirables.
Je vous admirais, je vous reconnaissais l’une après l’autre, je vous désirais toutes, et j’étais prêt à vous aimer chacune, entièrement, fidèlement, de toute la sincérité dont mon coeur est capable.
Je n’osais plus bouger ni même respirer, car je redoutais que le moindre souffle exhalé de mes entrailles brûlante ne vous fasse disparaître à tout jamais dans le vide. Ma poitrine se gonflait d’espoir et d’amour, je consommais déjà les voluptés de vos délices.
Quelque part, je crois que la peur avait du me gagner et, avec elle, l’ombre d’une tristesse humide qui avait essoré mon coeur. Les larmes montées à mes yeux, coulées de mes joues et écrasées au sol, avaient éteint la flamme et évanoui le rêve.
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