le Dieu Impatient

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« Écrire ! Verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite parfois que la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide… »
Colette, La Vagabonde

 

24 Juin Joue contre joue

Ce ne sont pas des sanglots, c’est une explosion qui s’annonce alors que sa bouche dessine déjà un cri qui ne sort pas… et vient l’instant tragique, celui que son père craint toujours : le chagrin est tel, la crainte de la douleur si forte que le spasme survient… son souflle se coupe, un silence brutal et inquiétant éclate… La terre s’est arrêtée de tourner et son coeur avec… comme à chaque fois, il la prend dans ses bras et la serre fort contre lui… il faut toujours un temps de respect, celui qu’il faut donner aux colères, car c’est toujours ainsi qu’elle...

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20 Juin Le fil perdu

À son tour, il se demandait s'il n'avait pas trop lu. Avec ses livres, ne s'était-il pas enfermé sur lui-même, comme le font les fleurs, la nuit ? Sauf que pour lui, le jour ne venait plus. Ses livres, compagnons d'un moment, n'étaient que des objets inanimés qui s'empilaient sous la poussière de ses étagères. Il avait perdu le fil de presque tout ce qui le reliait à la vie, aux autres, ce qu'on appelle la société. Lui qui avait créé des entreprises et dirigé des hommes, il était sans activité depuis des mois, décrochant ça et là des missions éphémères...

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18 Juin Les Chevaliers

Je relevais les yeux et je les vis comme s’ils entraient sur la scène d’un théâtre immense. Silencieux et majestueux, ils glissaient dans le ciel et je voyais la queue de leurs longues robes s'accrocher sur quelques petits nuages qui traînaient derrière eux tels des écuyers fatigués. Silencieux et graves, ils allaient au combat. Armés de la puissance du souffle et de la force des planètes qu’ils avaient aspirés dans leur marche céleste, ils allaient au devant d’un ennemi invisible que les vents d’altitude avaient dû repousser à l’orient. Guerriers valeureux, leur masse était impressionnante et gracieuse. Ils n’étaient pas très nombreux, trois ou...

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14 Juin Libère ta pensée, libère ton coeur !

Si ta pensée est la fidèle expression de ton coeur, alors libère là ! Fais-lui confiance, et permets que tes rêves se réalisent. Tu seras étonné ! Tu n’as pas idée de la puissance qui est en chacun de nous. Toi qui si souvent n’oses pas et qui prendrais peur de ton ombre ! Crois plutôt ce que disait Oscar Wilde, cet immense prophète : “Les folies sont les seules qu’on ne regrette jamais”. Mes mots sont bien impuissants pour te dire ce que je ressens et que je découvre presque en même temps que toi. Je crois que nous sommes...

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12 Juin Ma mère, le vendredi soir…

Je crois que j’ai un peu trop abusé sur le whisky ce soir, c’est vrai qu’on est vendredi… Je ne sais pas pourquoi, ça me donne une furieuse envie de vous parler de ma mère, comme si nous étions tous accoudés au même comptoir… Oh, pas du tout comme vous pourriez vous y attendre, les violons et les larmes, la seule femme de ma vie qui m’ait jamais aimée, etc… C’est très bizarre : j’ai adoré ma mère. Je sais qu’elle m’adorait aussi. Ce qui m’a valu quelques problèmes d’enfance mais n’en parlons pas. Pas ce que vous croyez non plus,...

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11 Juin Second Rôle

Vous m’avez vu mille fois mais vous ne me reconnaitriez pas dans la rue. C’était moi qui dansait de dos en bas de l'escalier, quand Uma Thurman traversait la piste pour monter à l’étage le sabre à la main dans Kill Bill 2. Une autre fois, c’était sur le podium de Grease où John Travolta se déhanchait en diable, où on m’avait accouplé avec une blonde un peu grosse à l'haleine aussi lourde qu'elle et qui ne trouvait mieux que de m’écraser les orteils à toutes les prises. J’avais des talents de danseur, paraît-il, même si à chaque fois la caméra...

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07 Juin Une beauté

D’où je suis, je ne la vois que de dos. Elle ne se tourne jamais assez pour que j’aperçoive son visage. Pourtant, je sais qu’elle est jolie. Je ne sais par quel mystère, ma certitude est totale. Je ne me lèverai même pas pour aller vérifier, comme j'aurai pu le faire en feignant un détour. Je ne me trompe jamais. Sa chevelure brune attachée en chignon, son port de tête sur des épaules nues et bronzées qui dorent au soleil généreux… Je peux seulement deviner l’ovale ravissant de son visage. Elle est assise à quelques mètres sur cette allée du jardin du Luxembourg,...

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05 Juin Comme une rivière

C’est une rivière qui nous unit, comme si nous étions tous faits d’une même eau qui circule et tourbillonne en remous et en courants dans tous les sens, comme des bouillonnements de vie entre tous. C’est l’air qui nous unit, celui qui soulève nos poitrines en des rythmes différents. Il transporte des cristaux de vie, des poussières invisibles qui se déposent un instant dans nos coeurs et les fait battre et battre encore, pour qu’ils résonnent ensembles en syncopes mélodieuses, avant de repartir vers d’autres coeurs. C’est la peau qui respire, des particules individuelles qui frémissent et réagissent dès qu’elles rentrent en...

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05 Juin Are you fuckable ?

C’est une question de bon dosage, comme disait le regretté Albert Cohen. Avez-vous les bons grammes là où il faut, les longueurs, les largeurs qui suscitent l’émoi ? Pour vous mes belles chéries, il y a le visage, le port de tête, le mystère d’une silhouette, les cheveux… Et il doit aussi et beaucoup y avoir les jambes, puis le ventre, les seins et les fesses, ces somptueux corps de chair qui doivent répondre à des proportions savantes que seul l’instinct sait reconnaître. Le seul vrai et bon instinct qui compte et qui est plus fort que tout, celui de la bête...

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03 Juin Cécile de France

Pourtant, je lui trouve l’allure un peu garçonne, la démarche peu gracieuse… c’est à croire que rien ne lui va. Mais cela n’a aucune espèce d’importance, quand on a la beauté, le charme et l’émotion qu’elle a. Ce soir à la télévision, elle a un peu sauvé ma vie. J’en avais bien besoin, après les hommes aux têtes d’oiseaux idiots ou de macaques méchants avec lesquels il avait fallu se battre aujourd’hui, une fois de plus. Ses peines et ses sourires me font chavirer. Ses étonnements, ses silences me font plonger dans la tendresse ou la tristesse, avec toujours une douceur...

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