le Dieu Impatient

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« Écrire ! Verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite parfois que la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide… »
Colette, La Vagabonde

 

18 Avr Souillure

Il m’a fallu du temps avant que le mot remonte, comme une nausée. Ces quelques jours où je ballotais au gré des heures, des nuits et des actions sans que rien ne s’oppose, ni l’énergie du printemps, ni la lumière des soirs d’avril. Aucune douceur qui ne surmonte la douleur que tu es venue de nouveau distiller dans mon coeur. Ce soir, j’ai enfin trouvé le moyen. Je m’en remets au miracle du verbe et de la parole. Puisque le mot est venu, la parole se dénoue. Je doute que tu me lireras, je sais que mon écriture est une des pommes...

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13 Avr Un songe

Je dois essayer de comprendre cette histoire… Je vois une vieille femme, enfermée dans une prison au barreaux épais, au fond d’une cave ou dans les sous-sols d’un chateau médiéval. Par instinct ou par intuition, j’ai compris qu’il n’y a qu’une seule manière de briser le sortilège qui délivrera la prisonnière, et qui la transformera en femme éternelle, unique et belle, celle qui doit devenir l’amour de ma vie. Comment ? En dévoilant le mystère qui m’oppresse encore. C’est à dire, ligne après ligne, en relevant l’un après l’autre les voiles qui obscurcissent ma mémoire et m’empêchent de voir clair. Car c’est à...

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01 Avr Avec les anges

Des images aériennes d’une netteté étonnante, un vol rapide et silencieux, qui fend le ciel bleu pur et les masses de nuages blancs et légers. Il découvre des monuments que l’on reconnaît vite – le Golden Gate Bridge, l’arche de Saint Louis, la skyline de Chicago – pour rebondir toujours plus loin. Enfin, Manhattan. L’image commence à ralentir au dessus des premières tours, bientôt l’Empire State Building à gauche, puis Rockefeller Center à droite. Nouveau plongeon dès les premières verdures de Central Park. Puis, elle descend de plus en plus lentement, et s’arrête en face d’une statue. Celle d’un ange...

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18 Mar Estime de soi

On me dit qu'il faut commencer par s'aimer soi-même, qu’il n’y a pas de vie ni d’amour possible sans s’être déjà accepté et aimé soi-même, ne serait-ce qu’un peu. C’est la condition sine qua non pour pouvoir aller vers les autres, dit-on toujours. Mais quel est celui que je dois aimer ? Que sais-je de lui dont le coeur bat dans ma poitrine ? Ses pensées courent sous mon front et ne cessent de s’échapper de ma boîte crânienne qui ne leur suffit pas. Ses désirs sont affamés d'autres chairs. Ils sont assoiffés d'autres eaux que celle de mon corps. Des eaux à engloutir...

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15 Mar J’entends des pas

Déjà, ce sont les miens qui résonnent sur le trottoir. Aujourd’hui, le son n’est pas le même. On dirait qu’il est moins dur et moins sec. Il est possible qu’une brise tiède soit venue balayer le sol avant ma venue, et qu’elle ait déposé des couches d’air douces et humides pour accueillir le poids de mon corps. Comme pour l’inviter à la danse, dynamique et légère, au lieu des marches lourdes et lentes de l’hiver. Les rayons du soleil ont balayé les froideurs et les ombres. Je sens que mon coeur s’est réveillé de sa torpeur, et qu’il se met à...

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06 Mar Survivant

Il s’en est fallu de peu. Déjà, quatre biches dont j’ai pu voir à temps le regard affolé dans les phares de ma voiture. Elles m’avaient prévenu. Puis les autres animaux sauvages. Eux aussi étaient au nombre de quatre. Alignés à la queue leu leu et déjà prêts à bondir dès l’interruption du flot des voitures qui me précédaient. Ils ont du croire comme moi à mon inexistance : ils n’ont plus hésité et se sont précipités tête baissée de l’autre côté de la chaussée. C’est le second que j’ai percuté. La pluie tombait drue, un instinct alien m’a poussé à ne pas...

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26 Fév Dans la forêt

J’ai dû faire une erreur… Et pourtant, j’aurais pu m’en rendre compte. Déjà, ce ciel si bas…  Il faisait encore jour, mais c’était une nuit sournoise qui se serait campée là, juste au dessus de nos têtes, pour nous assommer d’ennui. J’avançais à pas réguliers sur les allées du jardin. Le sol mouillé assourdissait le frottement de mes semelles au point que je n’avais même pas droit au craquement des milliers de grains de sable ou de gravier que j'écrasais le plus délicatement possible… Ce n’est qu’après deux ou trois cent mètres que je décelais l’étrangeté du moment. Je m’en souviens, les temps étaient agités....

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24 Fév Mon royaume

Que ce mot est beau… Le royaume ! Oui pourtant j’étais si longtemps tenté de dire que le mien n’est pas de ce monde. Comme toi certainement. Ni toi ni moi, nous non plus. Mais alors, pour qui la beauté, la vie, l’air qui coule entre nous, qui nous pénêtre et nous traverse, qui nous irrigue et nous inonde de l’énergie et de l’amour qui sont l’origine et la perfection de tout, éternellement ? Pour qui le royaume ? Pour toi. Pour moi. Pour nous tous. Il suffit de respirer et de laisser le souffle t’envahir, t’emplir du miracle de la vie et te...

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19 Fév Votre beauté

Il faut un peu d’audace pour attaquer la blancheur de la page. Mes premiers mots, je le sais, glissent comme des ombres sur sa quiétude immaculée. Ils noircissent un peu la feuille, mais je voudrais tant qu’ils forment bientôt des beautés qui reflèteraient un peu la vôtre. Oui, je voudrais dire votre beauté. Je voudrais la dire si bien que vous, de l’autre côté de l’écran ou du papier, vous reconnaîtriez. Car je l’ai rencontrée. Votre beauté, c’est à dire vous. C’était, tout d’abord, la ligne de votre silhouette quand elle m’est apparue la première fois. C’était, juste après, le port élégant...

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17 Fév Place Saint Sulpice

Je faisais le tour rituel de la fontaine, comme le font les pèlerins tibétains autour des autels qui, au sommet des cols montagneux, célèbrent les esprits, les énergies positives et les franchissements de seuils personnels autant que géographiques. J’avais contourné un à un tous les angles de l’octogone quand je remarquai, à la fin de mon cercle, une sylphide. Elle était adossée à son bord et, s’il n’avait fait aussi froid, j’aurais pu croire qu’elle avait surgi de l’eau qui, juste derrière elle, s’étalait dans le silence et le respect de rigueur. C’était une sylphide. Ou une fée, selon votre interprétation personnelle....

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