le Dieu Impatient

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« Écrire ! Verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite parfois que la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide… »
Colette, La Vagabonde

 

01 Juil Les rêves reviennent

Rêves de vous… J’ai pourtant fait tout ce qui était en mon impuissance. J’ai même prié le ciel, je m’en suis rapproché comme jamais. Alors je vous ai chassées de toute ma force. En fait, la prière et le souffle devaient vous dissiper dans les airs. Vous êtes revenues dans mes rêves. Plus belles, plus aimantes, plus offrantes et plus désirantes que jamais. Je me demande si l’équilibre - mon équilibre - n’est pas entre les deux. Mais vous êtes si belles ! Que m’importe l’équilibre si vous êtes si belles !...

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30 Juin D’accord, et pardon

Il est rare de s’accorder avec soi-même. Encore plus de se pardonner. Coup double donc, ce soir ! Doublement rare, doublement difficile. Les détours sont multiples et tout, en moi et en toi peut-être, semble concourir à l’égarement. Aux certitudes rapides et bon marché. Quand l’évidence est trop évidente qu’elle en devient irréelle et absurde. Quand, depuis l’enfance, une voix tendre et poétique te parles mais que tu refuses de l’entendre et d’y croire. Il s’agit de l’appel de la nature, de l’inné, des dons ou du talent, peu importe le nom, cela revient au même. J’ai passé mon temps à écouter...

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30 Mai Oracles

Écoutez-bien ! ou, plutôt… lisez bien ! Il y a beaucoup de chaleur et de lumière. C’est une saison, dit-on, dont les anges raffolent. L’été pointe et promet. L’air est différent. Plus léger, plus céleste aussi puisque les draps muets et opaques de l’hiver ont fichu le camp. Pour toujours. Il y a parfois du vent, quand la pression est trop forte. Et l’espoir fugace, alors, de cataracte fugaces qui nettoieraient l’air et nos poumons saturés. Alors, une fois purifié, le ciel s’ouvrirait sur des hauteurs libérés d’un azur borgne, stupide et muet. Il y aurait alors la nuit, pleine de sens,...

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26 Mai Absence

C’est d’abord un mot qui surgit et vient flotter, il se dévoile à mon regard intérieur en lettres blanches comme des nuages. Il est le produit à la fois conscient et inconscient d’un esprit en quête de sens. Ab-sense : à côté du sens ? Non présence, produit d’un intellectualisme névrotique qui finit par m’isoler de tout, de la vie, des autres comme de moi. Il doit y avoir des hommes, me dis-je, dotés d’un système d’auto-destruction très élaboré. Ils n’en ont pas conscience et n’ont même pas la puissance de s’y opposer. J’en suis. Constat triste et amer que je ne...

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20 Mai Gouttes de Pluie

Blanches et légères, elles traversent l’air en résonnant des notes qui me bouleversent. Le rayonnement de son talent ne me quitte plus, quelques heures pourtant après le récital et l’échange qui a suivi entre nous. Il y a des créatures préférées de Dieu et des Anges, me disais-je, en contemplant son art et sa beauté. Mais rien n’est injuste, quand les dons s’expriment et s’offrent avec tant de grâce. Chopin crépitait dans ma poitrine et jamais jusqu’alors n’avais-je entendu que lui aussi, dans tout son génie, participait autant à la grâce divine qui pleuvait dans mon coeur. Blanches comme les ailes...

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15 Mai le Dieu impatient

“Où es-tu ?”, demande t’il sans cesse. Avant même que je le cherche, il m’appelle et il m’attend. Quelle surprise ! Je ne me savais pas autant aimé. Je pensais aux conquêtes, aux réussites, aux accomplissements. Et voici que Lui m’attendait au creux de ma faiblesse, des mes peurs et de mes échecs. Lorsque je chutai, Il était déjà à me soutenir et m’embrasser. Il ne m’avait jamais quitté. Il m’inonde de sa présence et de son amour qui remplissent les vides que j’avais cru devoir creuser. Moi qui m’échappais du réel, qui croyait que dissoudre mon altérité me permettrait de participer...

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13 Mai Visage d’ange

Je regarde ton visage depuis des heures. Je viens de le découvrir, enfoui sous des tonnes de souvenirs, d’années et d’oubli. La photo en témoigne, jaunie et floue. Marque d’un temps que je ne comprends pas et que je n’ai pas vu passer. Je te le promets. Car tu es toujours dans mon coeur, mon ange, mon enfant. L’éclat de ton regard m’illumine, le coin de ton grand sourire me réchauffe. Ton rayonnement me rassure. Il est toujours le même, intact, conforme à celui que j’ai gardé au fond de mon coeur malgré les plis des années. Rien ne peut...

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12 Mai Suis-je déjà mort ?

C’est vrai… Je n’entends plus rien autour de moi, depuis très longtemps en fait, mais je ne m’en étais pas rendu compte plus tôt. Que des bruits, le glissement des voitures sur l’asphalte, les alertes d’ambulances pressées, les cris de silhouettes indistinctes et lointaines. Parfois, des bourrasques et des tempêtes qui criblent le sol des pluies violentes du ciel noir. Plus rien d’humain, en fait. Parfois des frottements dans l’air, comme celui d’oiseaux qui s’éloignent. Nos corps qui se frôlent comme des ombres ou des fantômes, tant j’ai l’impression souvent qu’ils passent au travers sans aucune sensation, aucun contact, rien. J’ai fini...

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11 Mai Les cavaliers

Ils sont subitement apparus sur la crête. J’ai cru un instant que j’étais au Rivage des Syrtes ou, c’est pareil, au Désert des Tartares. Je les guettais, du haut de ma tour fragile. Depuis des jours et des jours, je montais dès l’aube au sommet de l’édifice branlant que je m’étais construit en avancée de la maison. Je ne voulais pas être comme la taupe de Kafka. Je ne voulais pas être surpris, je me devais être présent. Cela ressemblait à la fierté de celui qui veut mourir debout. C’était comme dans un film : L’horizon s’était chargé de les accueillir. En...

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03 Mai Une jeune femme très sage

Les pincements de ses lèvres ponctuent toutes ses phrases, c’est un vrai rituel. Ce ne sont plus des dialogues. J’ai plutôt une autre sensation. Celle d’être renvoyé un siècle en arrière, du temps de ma petite enfance et des petites classes. Les maîtresses nous parlaient doctement et sagement, leur voix claire et leur ton haut emplissaient l’air qu’aucune contestation ne pouvait polluer de nos bruits ou de nos cris. Nous étions encore trop jeunes et sans conscience précise des enjeux qui commençaient à se tramer devant nous, de l’autre côté de la classe, contre le tableau noir où s’adossaient nos...

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