09 Mai Une minute inutile
Si vous en avez l’occasion, essayez ! C’est impossible ! Je n’ai jamais rencontré d’étranger qui soit capable de prononcer correctement ces trois mots bout à bout : « une minute inutile ». Et vous pouvez me croire, car j’ai passé la moitié de ma vie à l’étranger. J’ai essayé mille fois de le faire dire à des polonaises, croyez moi c’était un jeu où je ressortais toujours gagnant face à des perdantes charmantes et amusées.
Cela dit, je me demande si ce que je viens d’écrire a du sens. Probablement aucun, à moins de se proclamer expert en phonétique ou en linguistique, ce qui serait encore plus idiot.
Alors ?
Nous vivons une période si étrange. Nous ne sommes pas encore sortis d’une période d’hystérie collective et planétaire, imposée par des gouvernements de plus en plus orwelliens. Le déconfinement, c’est dans une trentaine d’heures seulement. Après presque deux mois où l’écoulement du temps s’est déversé complètement ailleurs, dans une poche aussi secrète et inconsciente que celle d’un intestin bien caché… Tout d’un coup, j’ai le sentiment que la vie revient, elle reflue et c’est toute ma conception du temps qui est bouleversée.
Il n’y a plus de minute inutile. Le sablier reprend déjà la pluie des fragments de secondes qui redeviennent d’autant plus précieuses que nous savons que nous les vivons tous ensemble au même moment. Oui, c’est peut-être ce qui nous a le plus manqué pendant ces deux mois, mais peut-être fallait-il une épreuve aussi bizarre que celle-ci pour prendre la mesure de ce trésor que nous partageons tous mais dont nous sommes si peu conscients. Celui de vivre ensemble.
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