Le sac aux vingt pensées

23 Oct Le sac aux vingt pensées

C’était un peu comme si j’étais un oiseau. En apesanteur, je bougeais peu. J’avais le sentiment d’être suspendu en l’air, mais aucun fil ne me rattachait au ciel.

La différence, c’est que je ne volais pas. Je n’avançais ni ne reculais. Je flottais dans le vide, il y avait des courants froids qui glaçaient mes cotes et givraient mes ailes de leur souffle noir.

J’allais me précipiter dans l’oubli de l’abîme qui s’ouvrait au dessous de moi, je le savais. J’étais paralysé. J’ignore ce que je ressentais de plus fort à ce moment : la terreur ou l’absence, ou les deux en même temps.

Et puis, une idée, une image s’imposa à moi alors que j’avais déjà fermé les yeux pour ne plus rien voir. Tu sais, comme ces vieux rêves que l’on reconnaît, ceux qui se répètent souvent et que tu crois avoir vécus mille fois, ou que tu as parcourus dans ton sommeil, de nombreuses nuits ou dans d’autres vies.

Il suffirait d’ouvrir mon cerveau, et d’en délivrer les pensées essentielles. Elles tenaient dans un petit sac de toile délicate, déposé dans un coin tranquille de mon cerveau. Il n’y en avait pas plus de vingt. Je les voyais, éparpillées comme des notes de musique ou des dessins au trait noir et précis. Il n’y en avait pas mille, pas cent. Seulement, quelques paroles, aussi simples que je n’ai pas besoin de te les dire, parce que tu les connais aussi bien que moi. J’étais étonné d’en trouver si peu. Je n’avais pas besoin de les déchiffrer d’une manière ou d’une autre. Elles étaient pures et bonnes. Celles qui, tu le sais, se retrouveraient en haut de la feuille si tu devais faire la liste de ce qui doit faire ton bonheur. Elles étaient en moi. Elles attendaient, dans l’évidence.

Il suffirait d’ouvrir le sac et de les laisser envahir tout mon esprit, mon coeur et mon corps,  Elles s’emboiteraient les unes aux autres en un mécanisme aussi simple et silencieux que la paix du paradis. Je comprenais enfin : le secret de l’harmonie était en moi, je n’avais qu’à me réveiller, libérer l’énergie en moi en un sourire pour qu’elle épouse le monde autour de moi, et lâcher prise.

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