J’ai pardonné

25 Oct J’ai pardonné

 

J’ai pardonné, de Fouad Hassoun

Note de lecture du 25 octobre 2020

 

Je n’ai pas voulu le refermer. Posé à côté de moi, dressé sur le bois comme le toit d’une maison protectrice, ses pages ouvertes reposent sur la table. Comme un cœur ouvert qui palpite, comme si toutes ses lignes s’échappaient autour de moi et s’égayaient dans l’espace en répandant leurs ondes si bonnes, comme si tous les rayonnements d’amour réunis dans ces pages s’échappaient avec joie dans la pièce.

Alors que je viens de finir J’ai pardonné de Fouad Hassoun, je me sens grâce à lui un homme meilleur. Plus qu’un témoignage – le sien – son livre est une merveilleuse transmission de vie. Celle qui, au fil des pages, m’a fait traverser de nombreuses émotions, de la souffrance à la joie, avec quelques larmes et quelques rires, avec de plus en plus de légèreté et de gratitude. Lui qui est passé par d’immenses épreuves, nous communique une envie de vivre formidable. Celle déjà, une fois le livre fermé, de bondir vers les miens, et de leur redire combien je les aime. Cette invitation aussi de revoir ma propre vie en en comprenant mieux à mon tour – et en l’acceptant aussi – son parcours sinueux et souvent peu compréhensible pour moi. Et celle encore de me réjouir de ce beau matin d’octobre, de son soleil et de son ciel haut, avec l’ardent désir de profiter de chaque instant de ma vie à venir comme je ne l’ai jamais fait jusqu’alors.

Ces émotions, elles sont le trésor de ce livre où le cœur de Fouad Hassoun est admirablement secondé par une plume abondante, tendre et colorée, parfois drôle, souvent poétique, imprégnée de la générosité et des succulences de l’Orient et de son Liban natal.

J’ai lu ce livre comme si je lisais une fresque d’humanité. Elle part des joies d’une enfance heureuse dans l’amour et le respect d’un père et d’une mère admirables, et l’abondance d’un village familial, sous des ciels aux étoiles innombrables, dans la beauté de ce coin de terre préféré de Dieu : une vie commencée sur « les chemins d’un perpétuel parfum d’éternité ».

Elle traverse les violences, les exactions puis la guerre qui vont transformer le Liban en enfer. Elle dit les épreuves qui, depuis un effroyable attentat terroriste en 1986, vont plonger la vie d’un jeune homme à qui tout était promis, dans une autre dimension.

On a du mal à comprendre comment ce pays, baigné par des siècles de bon vivre entre tant de communautés et de croyances différentes, a pu basculer si vite dans un tel conflit, où les voisins, amis d’hier, se sont transformés en meurtriers.

Mais on aime ce frère d’Orient, ce Liban qui nous est si cher et, à tant d’égards, si proche. On ne le comprend pas toujours, tant ses flamboyances comme ses souffrances sont intenses et parfois extrêmes. Mais on saisit quand-même, en lisant ce livre, que malgré la folie des hommes, Dieu aime vraiment ce peuple phénicien qui ne cesse de renaître de ses cendres.

Jalonné par le récit des étapes vers la guérison du corps et du cœur, ce livre est celui du pardon. Celui sans lequel nous ne pouvons pas vivre, parce que nous traversons tous les épreuves du mal qui touche chacune de nos vies. Ce pardon qu’il recherche, il est au-delà de nos limites : « J’ai toujours cette impression de me cogner dans ma nuit », écrit Fouad Hassoun. C’est avant la grâce, avant ce jour où il répondra à la tendre insistance des questions de Jésus « M’aimes-tu ? »

C’est grâce au trésor de sa vie, sa Foi en Dieu, que Fouad Hassoun va guérir de ses blessures physiques et morales, et qu’il va aller jusqu’à vivre l’amour inconditionnel, même celui de son bourreau, en passant par l’étape indispensable du pardon et de l’acceptation de soi-même.

Et s’il a perdu la vue des ses yeux de chair, il a gagné celle du cœur, celle de l’essentiel. Parce qu’il sait qu’il est regardé par le Christ : « Jésus le voit. C’est le regard qui change tout. Jésus le regarde et l’aime ».

Un livre à découvrir à ce lien : J’ai pardonné

En avant-goût, la couverture et quelques extraits marquants de ce livre :

 

La Vierge Marie « Marie est devenue et reste ma maman du ciel, présente à mes côtés en toutes circonstances. Elle répondra à mes appels d’une manière dont seule l’imagination d’un enfant pourrait rêver » p.20

Le Grand Papillon Blanc « Le Grand Papillon Blanc. Grand, il l’était : il n’aurait pas tenu dans nos mains ! Majestueux, silencieux, flocon égaré, ange surgi de nulle part, il apparaissait soudain, léger, discret, solitaire. (…) D’où venait-il, où allait-il, Dieu seul le savait. Fascinés, nous nous contentions de le suivre quelques instants et lui laissions sa liberté. Il n’appartenait qu’à notre regard et nous le portions dans nos cœurs. J’apprendrai bien plus tard que les civilisations perses voyaient en lui le symbole transformateur d’un amour naissant. » p.27

L’enfance heureuse « Ce qui s’est ancré en moi à cette époque, c’est qu’il y avait un lien entre Dieu et le bonheur » p.29

Retraite spirituelle : « Loin du bourdonnement de la ville, des sollicitations, des envies, des plaisirs fugitifs, des peurs, des soucis, loin des jeux de séduction et de pouvoir, des atours inutiles, le corps, rendu à ses plus purs et stricts besoins, à sa seule nature, dépouillé, à nu, lâche prise. La raison se dépose, le cœur parle et s’élève. À la tombée de la nuit, des ombres, mi-anges mi-fantômes, descendent Dieu sait d’où, se rapprochent, s’assemblent, s’unissent, comme aimantées, aux pieds de la Vierge blanche… »  p.122

Pardonner prend du temps : « Pardonner prend beaucoup de temps, demande beaucoup de volonté, beaucoup de persévérance, beaucoup de résistance. Un chemin de pardon ne se fait pas en un jour. C’est un processus dans lequel rien n’est jamais acquis. » pp.125-126.

Véritable conversion : « Prendre l’autre en compte, quel qu’il soit. C’était cela, la véritable conversion qui s’amorçait en moi. Au lieu de rester centré sur mes douleurs et souffrances, je commençais à écouter, à m’intéresser à ceux qui m’entouraient. » p.126

Se libérer des rancoeurs : « À la suite de cette émission, de nombreuses personnes, comme moi, se sont senties libérées d’un joug qu’on leur faisait porter depuis des années ; celui d’un devoir de se confronter à la haine de leur ennemi, de se méfier, de se faire justice, de punir, de faire payer, de reconquérir… Nous ne pouvions imaginer à quel point nous étions prisonniers de nos propres rancoeurs. » p.145

Passé, futur et présent : « Le passé appartient à la miséricorde, le futur à la providence, mais le présent est le lieu de l’Amour », disait Mère Teresa » p.156

Le regard de Jésus « Un seul regard de Jésus transforme tout. À chacun de nous de se laisser regarder, de se laisser toucher par son regard» p.158

Rencontrer le monde : « Il est temps (…) de surmonter ma peur du regard de l’autre, de me laisser approcher, de me laisser toucher. Il est temps de me présenter tel que je suis, d’oser être pleinement moi-même, avec ma réalité, ma sensibilité, mes fragilités, ma tendresse ; il est grand temps d’aller à la rencontre du monde au lieu de l’affronter. » p.163

Exposer mon coeur : « Exposer mon cœur… Mais par où commencer ? Dans un premier temps, je fais l’effort de repérer ce qui est beau et bon autour de moi, ce que je pourrais aimer. (…) Ainsi, lentement, se poursuit ma mue intérieure… (…) De la tête aux pieds, je me réunifie. J’entre dans cette dimension d’amour tant espérée, cette force invisible, ce mouvement qui jaillit de la pensée au cœur et du cœur à la pensée (…) Je sens mon cœur s’épanouir comme une fleur. Je ne crains plus de le montrer car je me surprends à le trouver beau, à l’aimer. Je l’offre et laisse son essence se diffuser. (…) C’est alors que je vois que l’inimaginable se produit. Je vois… Je vois d’un regard neuf, d’une autre manière. (…) C’est indescriptible ; une sorte de halo de lumière coule en moi, m’enveloppe ; un rayon d’or me conduit et m’emporte, sans frontières, sans limites, sans frein ; sans même le vouloir, je peux toucher le tréfonds des êtres que je rencontre. Une envie, une impatience, un besoin d’aimer me saisit. Une véritable folie d’amour s’empare de moi… » pp.164-165

éditions Mame, octobre 2020

 

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