04 Nov Laissons les morts enterrer les morts
Hier, pour Colette, c’était l’exception. Je ne vais pas maintenant les passer tous en revue et leur rendre un hommage à chacun, circonstancié et personnalisé.
Un instant, je les ai tous vus. Leurs ombres se mêlaient dans une file d’attente le long d’un couloir obscur, au creux de mon imagination, où jouaient des rayons de lumière ensorceleurs. J’ai distingué un sourire chez l’un, une pose attendrissante chez l’autre, une moue séductrice encore. Aussi cabotins que des danseurs de revue, ils voulaient tous que je les célèbrent dans mon panthéon. Je voyais bien le visage des premiers, qui avaient joué des coudes pour remonter la queue : Oscar Wilde, Dostoïevski, Romain Gary et même George Sand. Elle avait tout de suite deviné ma faiblesse pour le beau sexe, elle espérait bien que je la fasse passer en première…
Soudain, la porte de mon esprit fatigué a claqué d’un fracas vide et sec, comme celui d’un squelette qui s’écroule. Les fantômes ont disparu dans un nuage de vapeur blanche et silencieuse. Je me suis repris. Je n’irais pas égarer ma vie à célébrer celle des autres. Il faut laisser les morts enterrer les morts. Ils en ont eu bien assez de leur vivant, et je voudrais à mon tour un peu de leur talent, de leur génie peut-être, pour quelques miettes de gloire aussi.
Je vais préférer rechercher les écrivains d’aujourd’hui, saisir toujours le pouls de mes contemporains, ceux dont le sang coule en même temps que le mien. Sans me répandre non plus en colonnes d’opinions sur ce qu’ils écrivent ou n’écrivent pas. Je ne saurai le faire non plus. Il ne me reste, donc, qu’à creuser mon sillon. En solitaire.
louis de Sagazan
Posted at 17:42h, 05 novembreOui, bien lancé ! C’est qu’ils oppressent tous ces dieux du passé, à la fin ! Tire ton sillon, bon dieu impatient et solitaire ! Droit devant ! Puis mets-y des graines, arrose-y avec la sueur de tes pensées les plus subtiles ! dieu impatient, solitaire et poète !
Les humains ont faims, de dieux comme toi ! Euh, moi en tous cas ! 🙂
Lou Ferreira
Posted at 12:31h, 17 novembreQuel paradoxe je vis ! Je vous lis cher Guillaume, (votre style et vos points de vue sont tellement originaux -donc inattendus- que je vous lirai souvent), et j’approuve tout autant la réaction de Louis de Sagazan. Pourtant, je ne parviens pas à me défaire des fantômes…Comme si je rêvais constamment, redoutant d’ouvrir les yeux ! C’est vous dire…. Que Dieu me pardonne 🙂