07 Mar Une longue nuit
Comme une nuit d’hiver, où il fait froid. Où il est mieux sans doute de s’endormir et de voguer librement sur les courants des rêves. Ceux-là, avec un peu de chance, m’emméneront où j’aime le plus. Des îles paradisiaques du Pacifique aux lagons accueillants, aux vols dans l’azur doux comme Nils Holgersson, aux sommets d’arbres vénérables, jusqu’aux courbes voluptueuses d’amantes délicates et passionnées.
Mais quand je me réveille, il fait toujours nuit. Pourtant, l’horloge marque huit heure. Nous sommes à l’est, là où le jour vient toujours trop tôt. Mais ce matin, il n’est pas là. Le fébrile frottement de mes paupières n’a rien donné. Que des illuminations passagères et mensongères sous la voûte de mes yeux fermés. Fugitives, elles se sont vite effacées. Tout est noir autour de moi.
Dans l’obscurité, je ne distingue mon corps qu’aux palpations inquiètes qui frappent les draps de mes paumes jusqu’à ce que je le retrouve intact et réel. Chaud, doux et vivant.
Je me concentre alors sur ma respiration. Elle creuse et soulève ma poitrine normalement. Je sens l’air qui circule dans mon corps. Je suis vivant, et un peu rassuré.
La panique devrait me couper le souffle et battre mes tempes.
Un instant, des scènes de “L’oeuvre au noir” de Marguerite Yourcenar m’affluent au cerveau, sans que je comprenne pourquoi.
Mon souffle s’est ralenti. J’ai employé de mon mieux les méthodes de relaxation apprises au cours de séances de méditation.
Il fait toujours nuit noire autour de moi. Je sais que le jour ne reviendra pas. J’ouvre mes yeux et cherche à comprendre.
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