08 Mar Une longue nuit (suite)
Il faudrait que je me lève pour ouvrir les volets lourds qui condamnent la lumière du dehors. J’ai peu d’espoir : aucune lueur ne transperce les lattes de bois.
Le contact de la plante de mes pieds sur le parquet est rassurant. De quoi me donner assez de force pour aller vers la fenêtre.
Aucun bruit ne traverse l’obscurité de la chambre. Les rumeurs de la ville se seraient elles étouffées à leur tour dans les nimbes de mon engourdissement ?
À tatons et sans y croire, je parviens jusqu’à la fenêtre. Une fois ouverte, je n’ai aucune difficulté pour ouvrir les deux battants de bois pour les plaquer aux murs de l’immeuble, dans un geste progressif et lent.
Je me suis figé au bord du parapet. Il n’y a rien devant moi. Pas même une nuit où quelques étoiles scintilleraient quelque chose. Rien. Ni lumière, ni sons.
Le monde aurait disparu… J’ai le sentiment d’avoir ouvert ma fenêtre sur une autre pièce qui, dans les détours de la nuit, aurait envahi l’espace pour investir mon voisinage immédiat. L’air qui me vient de dehors est aussi mou que celui de l’intérieur.
Immobile, je n’entends que mon souffle qui circule bruyamment dans ma poitrine et dans ma gorge. Je sens que mes poumons sont oppressés et fébriles. C’’est toujours le signal avant-coureur qui m’est transmis par mon corps, tout près du coeur, avant de monter à la tête. Le signal d’un évènement, d’un changement ou d’une menace. Lequel ?
Je continue de fixer le vide devant moi, dans l’attente.
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