16 Sep Une fesse et une poubelle
Je marchais au sortir d’un jardin de paradis et d’une vision céleste. Je remontais une rue aimée et déjà arpentée mille fois. Le soleil rasait bas, juste de quoi m’aveugler ou détourner mon regard de ses quêtes directes et habituelles. C’est à ce moment que je vis, chez un fleuriste que je connais bien, que les fleurs avaient été remplacées par une poubelle. Elle avait beau s’être déguisée toute de vert pour se faire passer pour une grosse plante, le spectacle était pitoyable. Un coup d’oeil plus précis me rassura, j’avais été trompé par le reflet de la lumière basse, la poubelle était dans la rue, posée contre la vitrine sombre du magasin, le couvercle rabattu dévoilant une béance vide et noire.
Je continuais ma marche, et mon regard alla percuter contre une fesse trop large, qui éclatait d’un pantalon trop serré. Le monde est bien fait, me dis-je, la poubelle n’était pas loin, elle avait ouvert grande sa gueule pour, en sa dignité de plante carnivore d’Amazonie, engloutir ce trop plein de mauvaise chère. Mais trop tard : la femme ne l’avait pas vu, le soleil sans doute, elle avait déjà dépassé ce chirurgien de fortune, pour aller offrir plus loin le flottement de ses ornements superflus.
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