30 Sep Tentations narcissiques
Puisqu’il est assez vrai, finalement, que nul ne s’intéresse plus à l’autre qu’à soi-même…
Pourquoi n’oserais-je pas à mon tour ?
Il y aurait beaucoup à dire, pour moi. Peu à lire pour les autres, mais quelle importance ?
Peut-être qu’à travers les lignes, certains pourraient se retrouver, se reconnaître dans la similitude de mes émotions passées aux leurs ?
N’est-ce pas suffisamment légitime pour que je me plonge dans mon miroir ?
Êtes-vous donc comme moi, à chercher encore la permission ?
J’ai soudain l’univers de Cocteau qui plonge en mon coeur et me ravit.
J’ai le souvenir de chuchotements au dessus de mon lit. Je feins de dormir les yeux et les poings fermés. C’est la voix de Maman que j’entends comme une gaze qui s’évapore jusqu’à moi et dont j’essaie de décrypter tous les mots et leur signification malgré le voile obscur de la nuit qui rêgne dans ma chambre. Je sens qu’elle s’inquiète pour ma santé et pour moi : c’est un doux moment que j’ai payé cher mais qui me réconforte et me confirme que j’existe vraiment. C’est une des raisons, certainement, pour lesquelles j’aime tant m’endormir. Le sommeil délivrera tout et tous, les souvenirs, les disparus, les aimés se retrouveront en sarabande et je serai réveillé par le murmure des anges…
J’ai le souvenir d’harcèlements scolaires. Ils me persécutent, me moquent et me frappent parfois et la terreur me ronge. Et pourtant, je suis inaccessible et résolument ailleurs. Je suis un génie solitaire comme le capitaine Némo ou le Comte de Monte Cristo, rien ne peut m’atteindre.
J’ai encore le souvenir des confidences des belles. J’ai trouvé le moyen de me rapprocher des filles, des collégiennes de mon âge, des jolies qui aiment ma douce et discrète compagnie pour se plaindre des autres garçons. Ceux qu’elles regardent, ceux qu’elles recherchent. Pas moi. C’est doux et cruel à la fois.
Exclusions, apnées solitaires tellement parlantes pour moi aujourd’hui.
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