Peur panique

09 Jan Peur panique

Il n’y avait franchi que trois ou quatre mètres qu’il se sentit brusquement menacé. Un danger imminent et violent le guettait. Lequel ? La ruelle ne devait pas faire plus de vingt mètres, il ne fallait que quelques pas pour en sortir. Déjà, il voyait l’immense chantier qui recouvre toute la surface des Halles de Paris, en contrebas de l’église de Saint Eustache qui s’élevait dans sa vertigineuse hauteur.

Surtout ne pas précipiter la marche, ne montrer aucune peur, ne donner aucune prise, glisser jusqu’au bout. Son regard tournait dans tous les sens, à la recherche de ce qui lui permettrait de trouver la cause de la panique qui lui brûlait le coeur et les joues. Il se dirigea au milieu du pavé. Rien ne pourrait lui tomber sur la tête.

Quel était le nom de la rue ? Avait-il senti les ondes d’un crime affreux commis dans des temps plus anciens ? Cela l’aurait rassuré, mais c’était autre chose. Plus réel, plus ciblé, pour lui. La destinée avait guidé son chemin jusqu’ici, pas ailleurs.

Il savait qu’une fois atteint l’esplanade, en tournant sur sa droite, il aurait la vie sauve. Rien ne pouvait l’empêcher d’y arriver, se disait-il.

Un couple surgit et vint à sa hauteur. La scène était si anodine, si évidente qu’il n’eut même pas le temps de réagir. Déjà, ils l’avaient croisé à sa hauteur et continué dans la direction opposée. Ce n’était donc pas ça.

Il ne lui restait plus cinq ou six enjambées. Il en serait quitte pour une belle peur, aussi soudaine et inexpliquée, telle qu’il n’en avait jamais ressenti auparavant.

Et il savait aussi que rien ne serait plus comme avant. Quelque chose allait se passer, dans une fraction de seconde, et bouleverser sa vie à jamais. Incrédule, il atteignait pourtant l’angle de la rue. Il remarqua la porte d’un immeuble qui s’ouvrit rapidement en découvrant la pénombre épaisse d’un profond couloir dont on ne voyait pas la fin. Était-ce le signe ? Ce qui allait le sauver ? Au moins, il pourrait éviter le danger qui le guettait en disparaissant dans cette béance qui s’offrait à lui. Il sentait déjà un poids immense sur sa poitrine, son souffle de plus en plus court et lourd à la fois. Il s’engouffra dans l’immeuble et la porte claqua immédiatement derrière lui dans un fracas aussi sec que le silence monstrueux qui, immédiatement, s’écroula sur la ruelle et sur la ville.

dans le taxi, en allant à Roissy

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