12 Fév Noces
– Ce n’est pas grave !
Je ne tourne plus la tête en leur direction. Comme un aveugle ou un fou, je continue de jeter les cailloux que j’extraie de moi comme des larmes. Il y aura bien un moment ou un autre où la surface de l’eau s’entrouvrira. Alors, plutôt que de rebondir et d’aller se perdre au loin dans le vide, les petites pierres de mon coeur rencontreront la faiblesse d’une onde, la tendresse du creux d’une vague, et elles pourront s’enfoncer dans la mer.
– Ne vous inquiétez pas, je sais ce que je fais…
Oui, qu’ils me laissent tranquille, pour que je puisse continuer.
Alors je continue. Je ne veux plus entendre le son vide et mouillé des sauts et des rebonds des petits galets sur les crètes. J’avais dû les choisir trop plats. Maintenant, il va falloir donner en profondeur et en épaisseur.
Plonger…
Enfant, j’aimais tant raser le sable qui tapissait le fond de l’eau avec mes paumes, mes bras et mon ventre, le plus longtemps possible. Il me suffisait de relever la tête pour voir la surface, à quelques longueurs au dessus de moi. Cela ne durait jamais assez longtemps, puisque je voulais déjà l’éternité. Mais juste ce qu’il fallait pour que j’éprouve un bonheur, une plénitude, une liberté comme jamais. La lumière d’été qui éclatait au ciel illuminait la mer d’émeraudes et de filets d’or où le soleil plongeait ses rayons jusqu’à moi. Tandis que des étreintes d’eau tiède épousaient mon corps sans en ignorer la moindre partie. Je veillais alors à rester le plus longtemps possible complètement immergé, pour prolonger l’instant que je savais éphémère.
J’étais en apnée. Embrassé, porté et bercé par la sensuelle douceur de l’infini. Je me rêvais dauphin : J’aurais pu abandonner pour toujours mon corps aux délicieux caprices des courants qui me maintenaient dans la jouissance de l’apesanteur.
Oui. Je m’habituais très tôt aux étreintes les plus fortes. C’est pourquoi j’aime tant les noces avec vos corps charnels.
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