26 Juil Marche du soir
Marche du soir, pour ponctuer la fin de la journée et basculer, en toute conscience, vers les libertés que la nuit, peu à peu, va distribuer comme des gouttes de rosée.
Pourtant, il fait encore très beau. Seigneur Soleil darde sur mes bras et mes jambes des rayons qui me picotent intensément d’une chaleur intense et profonde. Je suis aveuglé dans sa lumière forte et caressante. Je ne me suis jamais senti aussi jeune, fort, vivant.
Que pourrait-il se passer de grave, lorsque nous baignons dans les ondes de bonheur, aux sources de toutes les bonnes énergies de notre univers ?
Sur ma gauche, à quelques mètres, je remarque l’agitation de quatre corbeaux. Sur l’herbe, ils s’arrachent férocement les lambeaux de la chair d’un vivant (ou du moins les restes d’un vivant, le cadavre d’un rat, d’un oiseau ou d’un morceau de jambon, je ne me suis pas rapproché pour voir…) qu’ils ont dû débusquer dans un des taillis tous proches.
Je suis frappé par l’idée que nous, vivants, devons nous nourrir des autres vivants.
Le même chemin où se battaient les oiseaux mène à un pré, au bord d’un lac. Une jeune femme est étendue, seule. Ses cheveux blonds resplendissent au soleil, mais je ne me suis pas rapproché non plus, je n’ai pas vu si elle était belle.
Ne m’offre t’elle pas la promesse d’un monde de beauté, de volupté, de paix… Je voudrais imaginer mille aventures avec elle qui, peut-être, m’attend et va se retourner pour m’inviter à la rejoindre.
Alors, irai-je m’asseoir contre elle, irai-je échanger des premiers mots avec elle ? Et que ferons-nous ensuite, couchés dans l’herbe, à quelques mètres des corbeaux au bec ensanglanté ?
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