Luc mon frère, par Michael Lonsdale

12 Sep Luc mon frère, par Michael Lonsdale

Je viens de lire ce livre fort et profond. Écrit par Michael Lonsdale, il permet de découvrir frère Luc, l’un des moines de Tibhérine assassinés en 1996. Celui dont Michael Lonsdale a incarné le rôle dans le film Des Hommes et des Dieux.

Cette communauté trappiste perchée dans les montagnes de l’Atlas, au coeur de l’Algérie, est devenue tristement connue à la suite du martyre de ses sept moines.

Ce qu’on ignorait encore, c’est la vie exemplaire de frère Luc. Ce livre la révèle, ainsi que la profondeur et la spiritualité de la sagesse du moine médecin. Il écrivait à ses proches, il notait surtout ses pensées dans son missel. Découvertes après sa mort, ses lignes sont édifiantes, et c’est un des plus grands mérites du livre de Michael Lonsdale de les mettre en lumière.

À noter cette recension sur le site Aleteia :

www.https://fr.aleteia.org/2018/09/11/luc-mon-frere-un-livre-qui-parle-au-coeur/

Voici, plus bas, quelques citations de frère Luc ou de Michael Lonsdale :

éditions Philippe Rey

Le service :

«Mon Dieu, qui as permis que je sois médecin, je Te prie pour tous ceux que, par fatigue, égoïsme ou lâcheté, je n’ai pas aidés.” Frère Luc, (p.10)

 

Et la contemplation :

« Luc a voulu associer le service à la contemplation. Il ne pouvait pas choisir : c’était comme les deux poumons d’un même souffle. » Michael Lonsdale, (p.25)

 

Le médecin :

frère Luc était plus qu’un médecin des corps. Il était aussi à l’écoute.” (p.10)

 

La fonction principale du monastère :

Situé au centre d’une population misérable, le geste de s’occuper de ceux qui sont malades, de ceux qui ont faim, est un geste évangélique, ecclésial et qui s’inscrit dans toute la tradition monastique.” frère Luc, (p.11)

 

La pauvreté :

Les pauvres nous évangélisent. Frère Luc s’est mis à leur école, pendant plus d’un demi-siècle. Un saint homme tout entier consacré à ses frères et aux pauvres, un saint qui ressemble tellement au petit frère Charles de Foucauld !” Michael Lonsdale, (p.31)

 

Le dispensaire :

Le but de ce dispensaire n’est pas tant d’exercer la bienfaisance corporelle et d’obtenir le maximum d’efficience sur le plan médical, que d’une manifestation d’amour à l’égard d’hommes pauvres et d’une manifestation d’amour à l’égard d’hommes pauvres et malheureux dans une amitié vraie.” Frère Luc, (p.32)

 

Au contact des pauvres :

Au contact des pauvres, est-il nécessaire de dire combien frère Luc était devenu l’un des leurs ? Un pauvre à la manière de François d’Assise.” Michael Lonsdale, (p.36)

 

Le regard vers Dieu :

Ce n’est pas de sa propre misère, mais la vue de Dieu qui donne à l’homme le sens vrai de sa condition de pécheur ; de même, ce n’est pas surtout sa détresse matérielle, c’est son regard vers Dieu qui lui fait mesurer sa pauvreté. Ce n’est qu’après avoir pris conscience de Dieu, la Souveraine Richesse, qu’on peut acquérir une âme de pauvre et, talonné par cette pauvreté, partir en quête de Lui, à traver la création et chaque évènement de l’existence.” Frère Luc, (p.37)

 

Les sdf :

J’irai vers Dieu, mon Père, comme ceux qui sont sans domicile fixe, pour rejoindre une demeure stable et définitive.” Frère Luc, (p.38)

 

La confiance :

« Pauvreté = incertitude = confiance » frère Luc, (p.40)

 

Un homme libre

lui qui soigna les militaires comme les maquisards, les policiers comme les islamistes (…). “Même le diable”, lança t’il un jour.” Michael Lonsdale, (p.41)

 

Le rôle de la femme :

L’islam n’a fait que voiler son visage sans pénétrer ses sentiments qui restent très humains. (…) il faut donc s’efforcer soit auprès des hommes soit auprès des femmes de travailler à cette assomption de la femme.” Frère Luc, (pp.56-57)

 

Les crises

Il a connu l’effondrement intérieur, le questionnement qui balaye le certitudes. Je suis aussi passé par ces crises qui menacent la vie même. C’est au feu qu’on éprouve l’or.” Michael Lonsdale, (p.64)

 

Les épreuves :

Mieux vaut trébucher sur le chemin que de courir hors de la route.” Saint Augustin, citation retrouvée dans les notes de frère Luc, (p.70)

 

Les circonstances de la vie :

« Nous pensons parfois que les évènements nous guident, et c’est vrai. Pourvu que ce soit dans le sens donné par Emmanuel Mounier : “L’évènement sera notre maître intérieur”, parce que c’est dans le monde d’aujourd’hui que nous sommes appelés. (…) Les évènements sont en eux-mêmes insignifiants. Ils ne prennent un sens et ne revêtent de l’importance que si nous les recevons comme venant de Dieu et les intégrons à Son Amour.” Frère Luc, (p.74)

 

La fidélité à l’appel :

Il nous faut être à l’écoute, presque à l’affût de ce qui se passe autour de nous, et nous engager. Jusqu’au bout. Nous sommes tous appelés et chacun avance dans sa propre vocation. (…) Qui que nous soyons et quelque soit notre âge, à tout moment résonne en nous un appel, qui demande une réponse.” (p.74)

 

La sainteté :

Voilà la source de cet engagement sans faille : devenir saint ! (…) … cette sainteté qui jette à la fois toutes ses forces dans le travail et faire et qui, devant nos limites et nos faiblesses, s’en remet à Dieu. Or, nous voulons toujours tout maîtriser, faire par nous-mêmes, rester aux affaires… Aller jusqu’au bout, oui, c’est le plus beau témoignage que nous pouvons rendre, mais en restant toujours dans la main de Dieu.” Frère Luc, (pp.74-75)

 

La vieillesse :

accepter de vieillir, de ne plus être nécessaire tout en restant utile, toujours : “Bien vieillir est affaire de transparence. Il faut que, comme pour les vieux habits, l’usure inévitable de notre être conduise à la transparence.” Gilbert Cesbron cité par frère Luc, (pp.75-76)

 

Le bonheur :

Si on veut être heureux, on va droit à la déception, au malheur. (…) Si tu veux être heureux, rends quelqu’un heureux.” Frère Luc, (p.79)

 

La mort :

Parce qu’elle est une rencontre avec Dieu, la mort ne peut être objet de terreur. La mort, c’est Dieu.” Préparer sa mort, c’est se préparer à la rencontre avec Dieu, c’est Le désirer et Le suivre dès aujourd’hui. (pp. 82-83) Ce n’est pas un chemin facile, les grands saints comme la petite Thérèse ou mère Teresa ont connu la nuit de la foi : “Pour aborder la mort, il faut non pas beaucoup de courage, mais beaucoup d’humilité.” Dans le climat de violence qui agite l’Algérie des années 90, frère Luc sait l’importance de se préparer à la mort à tout moment : “Être toujours et partout prêt à mourir.

 

Les villageois :

Impossible de les exposer ainsi. Cet élément très concret de discernement nous laisse en paix.” Frère Luc, (p.90)

 

Les menaces grandissantes :

Nous sommes comme l’oiseau sur la branche, prêts à nous envoler vers d’autres cieux! Des cieux nouveaux et une terre nouvelle. Partout où nous allons, partout où nous sommes, Dieu nous accompagne. Dieu n’est pas contre nous mais avec nous. (…) … nous n’aurons pas peur, car en franchissant le seul angoissant de la mort, nous trouverons le Christ qui nous introduira dans la maison du Père.” Frère Luc, (p.90)

 

L’abbé général des trappistes s’inquiète du danger encouru :

L’ordre n’a pas besoin de martyrs mais de moines” lance-t’il à Christian de Chergé (le prieur de Tibhirine) qui, après un silence, réplique : “Ce n’est pas incompatible…” (pp.91-92)

 

L’humilité :

« Voilà plus de trente ans que je désire le bonheur ainsi que la sainteté, le résultat me fait honte et peur…«  Frère Luc, (p.101)

 

La réconciliation :

Je suis réconcilié avec moi-même, avec cette pauvre dépouille. Il est plus facile que l’on croit de se haïr. La grâce est de s’oublier.” Citation extraite du Journal du Curé de Campagne de Georges Bernanos, retrouvée dans les notes de frère Luc, (pp.101-102)

 

L’humilité :

le jour où j’accepterai avec joie que l’on dise de moi “il n’a rien de remarquable”, ce jour où je serai vraiment humble, ce jour-là, je rendrai grâce à Dieu.” Frère Luc, (p.101)

Il en faut une belle dose d’humilité et de confiance pour passer toute sa vie accroché à la montagne du Moyen-Atlas, à soigner les pauvres, les malades, à prier le Seigneur dans le secret.” Michael Lonsdale, (p.102)

L’humilité, “c’est faire de la place à celui qui vient à nous.” Frère Luc, (p.102)

 

Le quotidien :

Frère Luc (…) ne perdait pas une minute, et savait être pleinement dans l’”aujourd’hui” de son existence.C’est cette attitude commune de patience et de disponibilité que les moines partageaient en ces temps troublés.” C’est ce que le frère Christian décrit comme “un surcroît d’appel pour ce “martyre” qui nous est destiné (…) Il définit depuis toujours l’état monastique : le pas à pas, le goutte à goutte, le mot à mot, le coude à coude… et c’est cela qu’il faut recommencer, en vie régulière, chaque matin, encore dans la nuit…” Michael Lonsdale, (p.105)

 

Le témoignage chrétien en terre d’Islam :

Il faudra résolument et probablement très longtemps encore ne pas reculer devant l’effort héroïque de pratiquer la charité pour deux, car à nous chrétiens, elle a été confiée. Cela demande de notre part un amour persévérant, désintéressé et surnaturel.” Frère Luc, (p.110)

 

Le salut :

Le salut nous est donné gratuitement. Dieu seul nous sauve, pourvu que nous acceptions le don de l’amour” La foi, c’est la confiance que tout vient de Dieu, que c’est le Père qui ouvre la porte à laquelle il nous suffit de frapper “Frappez et l’on vous ouvrira”. Frère Luc, (p.114)

 

Le Royaume des Cieux :

Le Royaume des pauvres est de plain-pied avec le Royaume éternel.” Frère Luc, (p.124)

 

Réaliser la paix en soi :

Le monde est ce qu’en font les grandes âmes, celles qui, au fond de soi, ont rejoint Dieu – C’est en réalisant la paix en soi qu’on réalise la paix dans le monde. C’est au-dedans de soi que l’on vainc les puissances de ténèbres qui sillonnent et dominent le monde.” Frère Luc, (p.135)

 

La confiance :

Demain c’est le secret de Dieu, dans cet inconnu Dieu se cache. Il est dans les évènements, dans la vie et dans la mort, la maladie et les malheurs. Ne crains rien : Je suis avec toi…” Frère Luc, (p.136)

 

Le dénuement :

Rappelant à Jésus notre dénuement extrême, je lui disais : Donnez-moi ce qu’il y a dans votre main. Alors il a ouvert sa main et j’ai vu qu’elle était percée ! (…) Seigneur Jésus, vous priez pour ceux qui vous crucifient et vous crucifiez ceux qui vous aiment.” Frère Luc, (p.138)

 

Grâce au martyre :

Et dire que, s’il n’y avait pas eu ce drame, nous n’aurions rien su d’une vie si dense, nous n’aurions jamais lu ses notes spirituelles…” Michael Lonsdale, (p.141)

 

… ce frère à qui je donnerais le bon Dieu sans confession.” Michael Lonsdale, (p.142)

 

L’amour de Dieu :

« Mon Dieu, je ne vous aime pas, je ne vous désire même pas, je m’ennuie avec vous. Peut-être même que je ne crois pas en vous. Mais regardez-moi en passant. Abritez-vous un moment dans mon âme, mettez-la en ordre d’un souffle, sans en avoir l’air, sans rien me dire. Si vous avez envie que je croie en vous, apportez-moi la foi. Si vous avez envie que je vous aime, apportez-moi l’amour. Moi, je n’en ai pas et je n’y peux rien.” Marie-Noël, citée par Michael Lonsdale, (p.143)

 

aimer Dieu :

Je n’aime pas Dieu : même envahi de la conviction que Dieu est Amour, je sens d’autant plus fortement que je n’aime pas ce Dieu qui m’aime. L’aveu, c’est de découvrir cela et de le dire à Dieu dans une humble confession : Tu es l’Amour dont je suis tout incapable si Tu ne donnes la capacité de T’aimer.” Frère Luc, (p.142)

 

Le sens de la vie :

Il est normal que nous nous demandions souvent à quoi notre vie peut bien être vraiment utile. La foi, c’est de croire que Dieu, Lui, la trouve utile, nécessaire à Son plan, indispensable à Sa joie.” Frère Luc, (p.144)

 

Le désespoir :

Il faut passer par un vrai désespoir pour arriver à la relation avec Dieu. Il faut désespérer de tout, de notre qualité morale, de nos vertus, de notre organisation ecclésiale, de notre doctrine, il faut passer vraiment par la mort. Dans cette situation de mort, de désespoir absolu, il ne nous reste qu’une personne : le Christ, et si l’on se tourne vers lui, c’est alors lui ouvrir ! Et à partir de ce moment-là commence un autre mode d’existence : on peut marcher sur les vagues.” Frère Luc, (p.145)

 

Le moine est un témoin :

Le moine n’est pas un convertisseur – il est témoin -, témoin devant Dieu, témoin devant les homes des devoirs envers Dieu, de la recherche de Dieu et de la vie en lui au-dedans de soi.” Frère Luc, (p.149)

 

La vieillesse joyeuse :

J’ai donc quatre-vingt-deux ans. Un homme âgé n’est qu’une chose misérable, à moins que son âme chante. Priez pour moi afin que le Seigneur me garde dans la joie.” Frère Luc, écrit dix jours avant l’enlèvement, (p.156)

 

Conclusion :

Mon existence n’a rien de semblable à la sienne, et pourtant Luc est pour moi un frère, un ami sur la route. Il ne nous appelle pas à tout quitter pour nous installer dans l’Atlas ou pour entrer dans un monastère. Non : il nous invite à nous enraciner et à tenir, à vivre dans la joie et l’allégresse, là où nous vivons. “Nous sommes dans l’épaisseur du monde, avec la violence et la haine. Mais il ne faut pas s’évader, il faut plutôt creuser cette place étroite, qui nous est donnée, et on trouvera Dieu et tout. L’amour creuse”.” Michael Lonsdale, (p.166)

1commentaire
  • Marie Frtançoise DE CACQUERAY
    Posted at 16:23h, 13 septembre Répondre

    Merci d’avoir pris le temps de nous transcrire ces méditations qui nous fortifient l’âme et rejpondent à nos questions intimes.

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