L’homme qui a les clés

22 Nov L’homme qui a les clés

Il y a un homme qui a les clés. Je les aie vues, accrochées à sa ceinture. Elles s’entrechoquaient si fort, leur tintement se transformaient en cris… Il y en avait un pour chacun d’entre nous. J’ai entendu le mien, l’appel qui m’était destiné. J’ai levé la tête, j’ai vu cet homme qui courait comme un fou.

Les cheveux ébouriffés, les vêtements en désordre, la chemise qui battait au vent tandis qu’il gravissait en toute hâte le colimaçon d’un escalier vertigineux dont je ne voyais ni le début ni la fin.

J’ai crié à mon tour. J’ai appelé de toutes mes forces mais rien ne s’est produit. L’homme n’a cessé sa course vers le ciel. Il a bientôt disparu de ma vue, avant même que j’ai le réflexe de monter l’escalier à mon tour et de partir à sa recherche. Il était trop tard… Je ne le voyais plus. Le claquement sec et métallique de ses chaussures sur les marches résonnait de moins en moins fort à mesure qu’il gravissait et disparaissait dans les hauteurs.

Une mer de nuages bas cachait l’azur. Elle ne l’arrêtait pas, il la découpait d’un coup d’épaule. Il la traversait pour y disparaitre tout entier. Bientôt, tout bruit s’était évaporé dans l’éther.

Je restais longtemps à scruter le ciel, les yeux et les oreilles grands ouverts. Mais je ne voyais et n’entendais plus rien, que cette masse de nuages sourds qui envahissaient l’espace. L’air était devenu si épais et irrespirable qu’ils formaient une frontière infranchissable. Je comprenais qu’il m’était impossible de continuer ma poursuite. L’homme et ses clés étaient désormais hors d’atteinte.

Il m’avait volé mon destin, ma vie, et tout ce qui me restait. Je n’avais plus qu’à attendre qu’il revienne ou, mieux, que les nuages se dissipent et que je puisse à mon tour le rejoindre.

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