02 Mai Le souffle d’un ange
J’étais allé méditer au près du lac. Il venait de pleuvoir, le soleil poussait de jeunes rayons dans l’air encore frais. Et je l’ai vue. Une beauté simple, blanche et douce. Elle caressait le chemin, s’accrochait aux haies en y déposant des nuages miniature. Elle descendait les pelouses gorgées de pluie et s’étirait sur l’eau, comme on jette un drap frais.
C’était le souffle d’un ange. Je devinais ses joues gonflées et sa poitrine qui se soulevait d’abord, et se creusait ensuite. Son chant silencieux recouvrait tout, jusqu’à mes pieds et au bas de mes jambes.
Je me suis arrêté pour accueillir la rareté de l’instant.
J’étais près de la rive. Sous mes yeux, une mère canard veillait sur quatre petits. Ils profitaient de l’air humide pour compléter leur toilette, à coups de contorsions, de becs plongés dans leurs plumages sombres, de frétillements vifs et satisfaits. Je choisis une pierre surélevée pour aller m’asseoir, un peu en retrait. Cette distance chasserait l’inquiétude de la mère, tout en me permettant de ne rien perdre du moment. Déjà, un banc de congénères se rapprochait de la berge, poussant de longs cris qui préludaient la joie des retrouvailles après l’orage. Pudique, je décidai de ne pas gêner davantage, je repris mon chemin.
Je remarquai sous la surface de l’eau mille tâches brunes. C’était le lit du courant qui poussait les feuilles mortes, ou des mottes d’herbe fraîchement coupée que le vent avait éparpillées.
Il n’y avait personne autour de moi. Rien que le silence, l’harmonie, une paix et une beauté plus intenses que tout ce que pourraient nous dire les sages du monde.
Je détendis mes bras, ils épousaient l’air et se balançaient au rythme de ma marche lente. Les paumes frottaient mes cuisses, mes doigts pointaient négligemment vers le sol, et je sentais en eux le picotement délicieux de la vie.
lou
Posted at 08:40h, 09 juilletIl faut qu »on » vous lise cher Guillaume. Le regard que vous portez sur les êtres et le vivant est plus subtil que vous ne l’imaginez peut-être. Parce que, même ce que vous détestez, vous utilisez peu de mots pour l’exprimer.
Comme s’il fallait leur laisser peu de temps et de place.
C’est tout cela qui est subtil : vous utilisez les mots avec un zeste de phénoménologie… (Pardonnez ce terme barbare)…
louis.de.sagazan@gmail.com
Posted at 18:22h, 11 juilletJe me suis laissé surprendre par cette image inattendue, que j’ai particulièrement aimé : « une beauté simple…un drap frais ».
Puis dans la suite du texte j’ai vu tout ce que vous évoquiez, cela me rejoignait. Merci. C’est vrai vous êtes fin.