La teigne

21 Déc La teigne

Ils leur ont transmis leur propre mal de vivre. Ils avaient déjà tellement de mal, chacun de leur côté, ensemble cela n’a rien arrangé. Ils y ont au moins gagné une solidarité dans le malheur. Mais je ne pense pas qu’ils sachent l’apprécier comme il se doit.

Leurs rejetons ne sont pas mieux, les pauvres. Ils ne leur ont pas fait de cadeaux, des vraies victimes collatérales. Ce n’est pourtant pas faute de s’être donné du mal. À croire que la teigne les aimait si fort qu’elle s’est décuplée sur les suivants.

Maudite teigne.

En attendant, leur vie est un miracle au quotidien, je ne sais pas comment ils font. En plus, ils t’enrobent tout ça avec un aplomb qui me rend baba. C’est eux, les champions du vrai, les donneurs de leçons, les rois du beau. Toujours raison !

Ils sont insubmersibles. Moi, cela fait longtemps que je serai par terre, voire en dessous.
Ce qui les sauve, comme ce qui nous sauve tous, c’est leur propre ignorance. Qui survivrait à la traversée du miroir, à la prise de conscience, sous la lumière blanche qui révèle nos nudités sans aucune pitié ?

Quelle chance, me dis-je ici, que nous soyons épargnés de l’entière lucidité, que nos oeillères nous protègent. Reste encore à vivre, à supporter les autres, à se supporter soi-même.

Paris

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