05 Juin Fluorescences
Avant, j’étais un humain comme vous.
Un jour, je ne sais plus très bien s’il y a longtemps, mais cela n’a plus d’importance, je crois que je me suis transformé en arbre. Sur le coup, je ne m’en étais pas rendu compte. Autour de moi, je voyais que certains d’entre vous pleuraient ou gardaient le silence, le visage grave et lourd. Pourtant, j’étais reposé. J’ai cru au début que je dormais, car je ne ressentais ni fatigue ni douleur. Je ne comprenais pas votre tristesse, j’étais si bien… Bientôt, j’ai senti que mon corps se transformait et qu’il s’élevait peu à peu tout en gardant les pieds très solidement enracinés dans la terre.
Je n’étais donc pas mort, puisque la mort n’existe pas.
L’énergie m’épousait et continuait avec moi l’aventure. Une nouvelle sève coulait, et je sentais progressivement l’écorce autour de moi se solidifier et s’élever vers le ciel, tandis que mon coeur et mes sens s’enroulaient en elle comme si des lianes me poussaient à l’intérieur. Je les voyais qui montaient en spirales en formant des mots puis des phrases qui couraient et disaient tout ce que j’avais toujours voulu écrire avec légèreté et profondeur. C’était mon âme qui s’exprimait et édifiait dans l’espace un arbre majestueux.
Et plus la force me propulsait vers le haut, plus l’arbre grandissait et étendait ses branches magnifiques qui caressaient l’air et recouvraient toute la nature autour de moi dans leur beauté et leur douceur infinie. Des feuilles innombrables dansaient dans la lumière, les rayons du soleil et les souffles du vent chaud. Elles éclataient d’un vert si pur qu’il en était fluorescent. Jamais je n’avais connu tel bonheur. Jamais je n’avais été aussi beau.
J’étais au paradis. Tous les vivants autour de moi, les animaux et les végétaux, les minéraux et l’espace entier n’étaient que félicité, fluidité et unité. Nous étions tous les parties d’un tout, d’un corps magnifiquement relié et harmonieux.
J’étais devenu un arbre. Ou l’esprit de l’arbre, qui était en fait le même que celui qui m’animait quand j’étais celui que vous avez connu. Mais cette fois-ci, un esprit où avaient disparu les doutes et les ombres, un esprit habité de paix et d’amour. Étais-je homme ou arbre ? Cela n’avait plus d’importance, j’étais éternel et présent à chaque perle d’instant qui brillait de joie.
Et vous, que deviendrez-vous ?
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