Dans un ciel sans nuages

11 Déc Dans un ciel sans nuages

J’ai dû m’assoupir un peu. Pourtant l’avion glissait dans un ciel sans nuages. Je n’ai eu, de ce songe, qu’une vision : je sortais d’un photomaton, qui produisait au même moment quatre photos, dont les couleurs luttaient dans la pénombre. Ce n’était pas moi, ce n’était pas mon visage. Des formes indistinctes et nombreuses, comme des milliers de points qui se répétaient sur chaque cliché. Et puis, je n’ai pas eu le temps d’en voir plus.

L’image s’est évanouie. Le papier de cellulose s’est mis à briller de toute sa nudité.

J’ai ouvert les yeux. Je suis toujours assis contre le hublot. Mon corps est paralysé de fourmillements tels que je ne sens plus mes jambes, ni mes pieds, ni mes mains. Je ne peux plus bouger. Lui aussi disparait.

L’effroi me saisit : c’est mon identité qui s’enfuit.

C’est en plein ciel, donc, que cela se produit. L’anéantissement m’aspire sans douleur, en silence, sans que j’ai le temps de réagir, de me lever, ni même de crier. Je me suis fait surprendre au moment où je ne m’y attendais pas. Pas là, en vol. Bientôt, ma respiration va s’inverser, puis elle ralentira, elle s’interrompera.

Ce n’est même pas la mort, puisque celle-ci ne survient qu’aux vivants de la vie, ceux qui ont des vraies existences, lorsque le moment de la fin est venu. Alors que je n’y suis pas encore arrivé. J’ai été rattrapé par le vide et l’ombre qui menaçaient dès ma naissance, L’angoisse, celle qui m’a toujours guettée, depuis mes premiers pas, vient de me vaincre, tout en douceur.

1commentaire
  • Louis de Sagazan
    Posted at 18:21h, 12 décembre Répondre

    J’ai trouvé ce texte beau et touchant. Il rejoint mon expérience de solitude. Merci.

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