Agata

12 Déc Agata

C’était vous ce soir.

Nous avions échangé quelques mots, déjà, à l’Hôtel de Ville. La réception touchait à sa fin, nos verres de vin blanc, au cocktail, venaient du même plateau, du même serveur. Le bon hasard a bien voulu que nous nous retrouvions l’un en face de l’autre, au cours du dîner, dans le restaurant à côté, réservé pour notre soirée de rencontre franco-cracovienne.

Votre élégance stricte, les codes de la femme d’affaire, n’endiguaient pas votre charme. Alors je suis monté à l’assaut, brave petit soldat, de votre technique, de vos satellites, de vos composants électroniques, de vos voyages d’affaires et je ne sais plus quoi encore. J’en avais un peu à vous raconter, aussi, de mes voyages. Et j’ai bien dû conquérir quelques unes de vos collines. Nous ignorions de plus en plus nos voisins. Vos voyages, votre structure internationale, cet univers masculin qui vous encercle… J’ai tout enduré. Cela valait bien la peine, votre charme me faisait même aimer votre métier, le plus sincèrement du monde. Il brisait toutes mes défenses, qui n’attendaient que ça. J’ai très peu de défenses, vous savez ? Surtout en face d’une femme comme vous. Votre sourire, ni agressif ni convenu, beaucoup plus retenu, profond et discret. Votre regard, simple et doux. Votre charme, oui, je l’ai déjà dit, car vous en avez beaucoup.

Il y a eu un petit miracle. J’ai réussi à vous amener dans les paysages de la littérature. Ils étaient fantastiques, d’accord, mais j’ai suivi. Tolkien, Lem, Herbert, Sapkowski, je connaissais aussi. J’ai eu l’audace de vous dire mon admiration qu’une aussi jolie femme verse autant dans la technique et avec tant de succès. Mais que, au bout du compte, seule la littérature m’intéresse. Que les satellites, cela ne m’attire pas du tout. Pas une seconde. Rien à voir avec votre beauté, ai-je balbutié. Enfin, ça compte quand-même, le business… Je respecte, vous réussissez, bravo !

J’ai même poussé l’audace de vous dire que j’écris. Tous les jours, ou presque. Nous avons attaqué le tutoiement. J’ai écrit le nom de mon blog dans le navigateur de ton iPhone. Ne crois pas que je le fasse souvent, que cela soit une quelconque « technique » de ma part : je suis un très mauvais technicien. Je ne l’avais jamais fait auparavant, tu étais la première. Un verre de vin de trop, ou la griserie de ton sourire, ton visage proche du mien? J’ai osé…

Nous avons continué, nous avons parlé de nos auteurs. J’évoquais les polonais que je connais, Milosz 1, Milosz 2, Grombowicz surtout. Cela a duré longtemps.

Il y a eu une cassure. C’était formule buffet, vous êtes partie chercher un dessert. Je ne vous ai pas suivi, je sentais que votre soudaineté marquait une volonté de distance.

Irez-vous voir mon blog, comme je vous y ai invité une nouvelle fois en vous disant au revoir ? Je ne savais pas alors que j’écrirai pour vous, ce soir.

Agata. Nous avions bien avancé. J’avais réussi à prononcer deux autres prénoms, ceux de mes héros. Céline et Colette. Moi, c’est Guillaume.

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