Adam

26 Mai Adam

– Adam ! … Adam !

Franchement, il a l’air génial, Adam !

C’est ce qu’elles doivent se dire… Ces trois jeunes filles qui viennent de le héler de ce côté de la rue où je marche frétillent déjà de joie. Lui, goguenard, avance à pas lents et traverse le boulevard. Il a relevé les épaules, comme s’il faisait le dos rond pour relativiser son évidente attractivité. Invincible, il n’a même prêté attention à la circulation, il doit marcher sur l’eau.

Le voilà qui arrive. On s’embrasse, on rie, on parle très fort. On s’attarde un peu sur ce bout de trottoir qui nous appartient avec tout le quartier, avec toute la ville. Parce qu’on est jeune, beau, insouciant.

Et le petit groupe se met en mouvement et s’éloigne bruyamment sur ma gauche. Adam au milieu, bien-sûr, comme un roi.

Qui a dit que le nombre des gestes humains était assez limité et qu’il se multipliait dans l’infinitude des individus ? Je ne sais plus si c’est chez Kundera que j’ai lu cela un jour, ou s’il s’agissait d’un article scientifique. Ou les deux, peu importe… L’allure et la démarche chaloupée d’Adam en était la preuve irréfutable. Sûr des regards qui convergeaient vers lui, tous ses mouvements parlaient pour lui, et disaient à l’avance son plaisir et son envie de plaire à ses amies.

Des gestes que j’ai déjà vu mille fois et que nous répétons tous, ceux-là comme d’autres. Le langage du corps précède tout le temps celui des mots. Comme la beauté.

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