Dans le coeur de mon chien

03 Déc Dans le coeur de mon chien

Depuis quelque temps, il m’arrive de vivre des aventures étonnantes, qui sont toutes liées à des animaux. Je t’ai déjà raconté celle d’un oiseau, ou celle de mon chat. Aujourd’hui, c’est une histoire tout aussi incroyable que je vais te dire.

Incroyable comme seules sont les histoires vraies et merveilleuses que nous offrent de vivre nos compagnons terrestres, pour peu qu’on leur permette de nous apprendre quelque chose. C’est pourtant très simple. Il suffit pour cela de taire parfois le tumulte de nos agitations humaines, et de les observer.

Je suivais le sentier qui, chez moi, mène des bords de la rivière jusqu’à ma maison. Bien évidemment, comme d’habitude, j’étais accompagné par mon chien. En réalité, ces promenades quotidiennes sont tellement importantes pour lui que je crois que c’est plutôt moi qui, comme chaque jour, l’accompagnait.

C’était un jour d’été, pas comme ceux que nous vivons en ce moment, emplis de brumes et traversés par les vents froids qui viennent de très haut dans le ciel. Au contraire. Il faisait même lourd, en cette fin d’après-midi vaincue par la chaleur.

Mon chien allait au devant de moi. De temps en temps, il s’arrêtait pour s’assurer que j’étais bien derrière lui. Puis, il reprenait sa promenade.  Déjà, nous avions franchi la barrière du jardin. Il remontait le petit chemin de gravier qui, tout au bout, va jusqu’à l’entrée de la maison. Et moi, je suivais son trottinement joyeux.

Je regardais le panache de sa queue qui balayait l’air de toute sa joie. Elle s’élevait à droite, puis à gauche dans son balancement gracieux. C’était comme l’aiguille d’un cadran silencieux, qui marquait un autre temps que celui des hommes. Le temps des animaux, le temps de la terre et de l’univers.

Quand il retournait sa tête dans ma direction, il me regardait de ses yeux sombres et profonds et, toujours, il me souriait. Je ne l’invente pas. Quand mon chien me regarde, et qu’il ouvre grande la gueule pour avaler l’air à pleins poumons, il m’adresse un sourire qui touche toujours mon cœur.

Je vivais un moment simple de bonheur, en compagnie de mon chien. J’étais charmé par la beauté de cet après-midi en pleine nature. À tel point que je décidais, plutôt que de rentrer dans la maison, de le prolonger en restant dehors, en sa compagnie.

Lui, fatigué sans doute par les courses, les bains et les jeux sur la plage tout à l’heure, était aller se coucher à son endroit préféré, à l’ombre d’un arbre. J’allais le rejoindre et je m’étendais à mon tour, dans les hautes herbes qui y forment un lit naturel.

Je posais ma tête sur sa poitrine, comme je le fais parfois. J’entendais son souffle puissant qui échappait de gros soupirs de son museau. J’écoutais le battement rapide et saccadé de son cœur. Le soulèvement puis l’abaissement de son corps me berçait doucement. Je m’endormais. Et je rêvais.

Je voyais des images.

J’étais devant une horloge immense. J’entendais un clic clac qui battait fort dans mes oreilles, et qui vibrait comme le son d’un tambour. L’horloge était très ronde, baignée de couleurs vivantes où se mélangeaient les azurs et les orangers des soirées d’été, quand le soleil se couche.

Elle n’avait pas d’aiguilles, et ne marquait ni les heures ni les minutes. Simplement, elle battait le rythme d’un temps différent. Un temps qui ne compte pas, qui est tout simplement le temps présent, celui qui n’a besoin ni de passé ni de futur.

Tout naturellement, le souvenir du battement de la queue de mon chien revenait à moi. Il flottait un instant en arrière-plan de cette vision de l’horloge, la plus belle que j’avais jamais vue. Le rythme était exactement le même. Cela voulait dire, j’en étais sûr, que le temps dans lequel vit mon chien est déjà celui de l’éternité.

L’horloge était vivante. Elle vibrait aux couleurs qui rayonnaient d’elle comme si elle était un soleil. Et peu à peu, je voyais qu’elle prenait la forme d’un grand cœur. J’étais bouleversé par la beauté de la scène, et par la tendresse que je ressentais au plus profond de moi. Je me sentais tellement attiré par ce cœur que je m’en rapprochais. Et à un moment, j’y penchais ma tête.

Je basculais. C’était comme si j’avais plongé dans une lumière douce et très claire. Car à ma surprise, dans la profondeur de ce cœur, il faisait grand jour. J’étais transporté, et tout ce que je voyais, je comprenais que ce n’était plus avec mes yeux, mais avec le cœur battant de mon chien.

Là, quelques mètres en dessous de moi, je voyais le corps d’un petit garçon endormi aux côtés d’un chien. Il ressemblait beaucoup à l’enfant que j’ai été et que me rappellent les photos de famille. C’était moi, avec mon chien. J’étais entouré d’un hallo lumineux qui épousait toute la forme de mon corps et du sien, et qui était composé de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Puisque je rêvais, je pouvais comprendre ce que les mots ne pourraient jamais dire. Je comprenais que cette lumière protectrice autour de moi était tout simplement de l’amour. L’amour de mon chien.

Et son amour ne s’arrêtait pas qu’à moi. Tout ce que je voyais autour de moi était entouré du même amour. Le vol des oiseaux, la maison, le jardin, les massifs de fleurs et les arbres, et les souffles du vent qui couraient dans la même lumière. Au loin, les passants qui s’attardaient dans le jardin voisin étaient baignés dans le même amour, eux-aussi.

Mon cœur battait avec celui de mon chien. C’était beaucoup plus fort, beaucoup plus simple aussi. Car je voyais, avec les yeux de son cœur, que tout ce qui vivait autour de moi était animé par la même lumière d’amour.

Je me suis réveillé. Mon chien était toujours couché sous moi. Il dormait encore. Quand j’ai commencé à bouger un peu, pour vaincre l’engourdissement qui avait gagné tout mon corps, il s’est réveillé à son tour.

Il m’a regardé. Moi, je voulais retrouver la beauté de mon songe. Je plongeais mon regard dans ses yeux brillants. Avec une joie immense, j’y retrouvais les éclats de la belle lumière d’amour de mon rêve.

Depuis, je n’ai plus jamais regardé mon chien de la même manière. Je l’aime et je le respecte infiniment, parce que je sais qu’il est porteur d’un amour immense et bien supérieur au mien. Si Dieu existe, il est certainement très présent dans mon chien, beaucoup plus qu’en moi.

Comme mon chien est très beau et que son pelage est blanc, je crois qu’en fait, il est un ange.  Car il y a certainement des anges qui sont à la fois des animaux, comme d’autres qui sont des hommes ou des femmes, des petits garçons ou des petites filles.

Ceux que l’on peut reconnaître quand on prend le temps de les regarder, eux aussi, dans le silence et l’écoulement d’une poignée de secondes. Car il ne suffit que de quelques instants pour voir, dans l’éclat de leur regard ou la tendresse de leur sourire, l’ombre de l’ange qui habite en eux.

Alors, si tu as la chance d’avoir un chien, je t’invite à découvrir son regard, à écouter battre son cœur, et à accepter l’immense amour qu’il est toujours prêt à te donner, à chaque instant.

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