Toussaint polonaise

01 Nov Toussaint polonaise

Ici la fête d’Halloween qui amuse les enfants et les plus grands en quête d’émotions fortes. Là-bas, en Pologne, une fête de la Toussaint pleine de poésie, la foule dans les cimetières qui vient déposer en silence d’innombrables cierges sur les tombes. Au cours de mes années passées là-bas, j’avais pris l’habitude de les visiter la nuit tombée.

Comme je n’avais pas d’ancêtre à honorer en cette terre étrangère, j’avais choisi d’aller rechercher une tombe abandonnée, que nul n’avait visité, et qu’aucune bougie n’éclairait. Il n’y en avait pas beaucoup, mais je finissais toujours par en trouver une. Alors, comme un proche ou un habitué, je déblayais la pierre des feuilles qui étaient venues s’y reposer. J’empruntais discrètement quelques bougies là où il y en avait un peu trop, pour égayer le marbre froid et abandonné. Je me recueillais quelques instants, ému à la pensée que j’étais le seul à me préoccuper d’une âme oubliée.

Et j’avais alors, chaque année à ce moment, une pensée pour mes parents. Je formais le voeu qu’ils vivent une année de plus, jusqu’à la prochaine Toussaint. J’ai renouvelé ce rituel pendant des années. Puis il sont partis, l’un après l’autre.

J’ai aussi le souvenir de voyages en voiture, de Cracovie à Varsovie, à la même date.  Au crépuscule qui tombait très tôt, je traversais des campagnes qui, au fil des heures, vibraient et rougeoyaient de plus en plus. Dans tout le pays, la soirée s’animait d’une vie et d’une chaleur qui tranchaient avec les température déjà très fraîches de ce premier jour de novembre.

On voudrait encore conjurer le sort et repousser l’échéance. Car l’hiver va quand-même s’étaler de tout son froid sombre, gris et lourd, pour les prochains mois. À moins d’épouser la lumière des veilleuses et de la prendre en son coeur.

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