Note du 10 novembre 2015
Je n’ai jamais lu de tel livre. En réalité – et c’est ce qui j’ai compris après en avoir tourné les premières pages, puis toutes les autres, de plus en plus vite, jusqu’à la fin – en réalité, j’ai très vite compris que je ne lisais pas : je vivais chaque scène, je comprenais et j’aimais chacun des nombreux personnages qui apparaissent. Mon coeur se serrait, mes yeux pleuraient, ma poitrine se soulevait, je voyais, je sentais, j’entendais plus que je ne lisais.
Aucune lecture ne m’avait jamais offert telle expérience. Je ne lisais pas, je vibrais, et je tournais les pages avec le coeur plus qu’avec les doigts.
Je suis bien modeste, mais je voudrais rendre un immense hommage à Maylis de Kerangal.
Grâce à elle, j’ai rarement senti à quel point j’aime ceux que j’aime. À quel point ils me sont précieux, infiniment, absolument précieux. Qu’il est essentiel de leur dire je t’aime à tout moment, en toutes circonstances…. Grâce à elle, j’ai redoublé les expressions de mon amour pour eux depuis quelques jours, depuis que j’ai ouvert ce livre.
Ce roman est magnifique, émouvant, total, et tellement humain… Moi qui essaie d’écrire, je n’ai jamais été aussi jaloux, et désireux en même temps, non pas d’imiter, mais d’essayer de faire aussi bien.
Je l’ai senti dès les premières lignes, et en adhérant avec une ferveur mystique à un style d’écriture unique qui, justement, fait oublier qu’on lit parce que les pensées, les paroles, les sentiments et les échanges sont confondus dans les lignes comme ils le sont dans la vie.
Maylis de Kerangal écrit en apnée. Elle est totalement immergée dans l’écriture, dans la pensée, les sentiments, la quotidienneté de ses personnages. J’ignore par quel moyen, auprès de quel amant ou de quelle substance elle trouve une telle force, à moins que ce ne soit dans l’éclat pur de son talent.
Les mots, les phrases, les pages contiennent autant de perles précieuses, qui libèrent chacune leur dose d’émotion, d’amour, de tristesse, de colère ou de souffrance, dès que le regard les parcourt.
Si je ne dis rien de plus du récit, si je n’extrais pas les meilleures lignes comme parfois, c’est par pudeur, l’immense pudeur que suscite en moi la Beauté de ce roman.
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