La vie qui part

04 Sep La vie qui part

C’est comme si l’énergie de la vie disparaissait en colonnes de poussière. Aspirées par les rares flèches du soleil qui ont réussi à transpercer de lourds rideaux. Ceux-ci montaient la garde de leur mieux, chargés d’isoler la pièce de la lumière trop vive du dehors. Leurs rayures traversent l’espace sombre et assoupi et se réfléchissent sur la surface d’un mur. Elles rebondissent doucement, et expulsent avec elles mille particules joyeuses et virevoltantes et les emportent au dehors.

Derrière elles, l’obscurité s’intensifie.

Est-ce la vie qui part ? Tout se fige et se pétrifie autour de moi. Le vieil homme qui est assis en est-il conscient ? Est-ce pour cela qu’il interrompt parfois  le silence, qu’il croise ou décroise les jambes, et me pose des questions ?

Le temps s’écoule avec une lenteur paradoxale, comme s’il y en avait trop alors qu’il n’y en a presque plus. Il n’y a pas longtemps, quelques mois encore, cet homme était encore dans la vie, il était actif, rencontrait de nombreuses personnes, échangeait des mails, répondait aux appels. Tout cela semble s’être éteint, rapidement, furtivement. Se sont-ils passé le mot ? Ont-ils fui celui dont ils voyaient la vie le fuir ?

J’adapte mes réponses, que j’essaie de varier pour vaincre un peu la répétition des questions qu’il me pose avec lenteur, de sa voix blanche où l’accent rocailleux a presque entièrement disparu.

Patiemment, je reprends mes explications, j’attends tout simplement le moment, qui va venir bientôt, où je pourrai enfin repartir en ville, traverser le Stary Rynek et me perdre dans le grouillement de la foule.

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