Rêve prémonitoire

22 Juil Rêve prémonitoire

Ce n’est qu’à l’instant que je me suis rappelé de mon rêve, il y a deux ou trois nuits, en apprenant la triste nouvelle. Celle de la mort de cette enfant, gravement malade depuis sa naissance, il y a presque 10 ans. Ce rêve a ressurgit comme un ressuscité qui émerge parmi des milliers d’autres, oubliés, effacés ou disparus à jamais.

C’était la nuit de samedi à dimanche, je crois. J’étais avec cet ami polonais, à retrouver sa maison de famille endormie sur les flancs des premières collines des Tatras. La demeure avait souffert du temps. Les murs étaient craquelés de taches brunes et menaçantes. Certaines étaient si lourdes qu’elles avaient gonflé en formant des vagues bombées et fermes comme la peau musclée d’un cheval.

Nous évaluions lui et moi l’ampleur des travaux à entreprendre. Sans savoir pourquoi, je comprenais que je lui avais proposé mes services pour l’aider à repeindre les murs des pièces les plus abîmées. C’est ce qui justifiait ma présence à ses côtés dans ce rêve, alors que nous n’étions plus aussi proches qu’avant. L’âme de la maison hésitait entre l’élan des poneys, en bas de la belle prairie qui rigolait aux fenêtres, et le déclin d’une décoration qui datait de Sissi.

Tout d’un coup, les rayons du soleil zébraient l’intérieur. Ian venait d’ouvrir la porte sur une pièce bruyante de rires et de joie. Sa famille réunie célébrait une fête autour d’une table garnie des douze plats de Pâques. Ses enfants, sa mère, ses beaux-parents étaient présents, même si je me doutais bien, puisque je savais que je rêvais, que certains d’entre eux étaient peut-être déjà morts.

À ce moment, l’épouse de Ian avait fait une entrée silencieuse dans la pièce. Dans ses bras, une petite fille qui avait gardé l’apparence d’un bébé d’à peine un an. J’étais surpris, je croyais que la mort l’avait déjà prise. Pourtant, c’est un regard calme que l’enfant posait sur chacun des convives.

Depuis de trop longs mois, je m’étais résigné à ignorer mes rêves. Depuis tout à l’heure, l’annonce de la mort de cette enfant semble vouloir réveiller mes consciences enfouies. Elle m’associe déjà, à deux mille kilomètres d’eux, à la tristesse de ses parents.

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