28 Déc Une vraie crème
Il tranche vraiment avec tous les autres, tous ceux que j’ai eu l’occasion de croiser. Et cela fait déjà des années que nous nous connaissons, j’ai eu le temps de vérifier. Je confirme. Il cache sa bonhommie, sa bienveillance débordante, derrière une modestie et un humour délicieux. Cela lui va bien, l’humour lui permet de ne pas être trop effacé. Cela serait dommage. Je ne serais pas le seul alors à le manquer, d’autres que moi ne le remarqueraient pas.
Je ne l’ai jamais vu placer un mot plus haut que l’autre. Nous restons toujours dans des registres légers. Je ne l’ai jamais vu non plus rentrer dans des conversations graves et sérieuses, mais je sais qu’il en a. Pas avec moi. Tout simplement, il doit penser que cela ne m’intéresserait pas. Il n’a pas tort, car je le crois particulièrement conservateur, très attaché aux traditions. Ce qui semble trancher avec sa douceur, son flegme, comme avec son goût de la nature et du sport, qui sont plutôt la marque des caractères positifs et ouverts. Positif et ouvert, il l’est : rien n’est simple.
Sa grande carcasse dégingandée, sa discrète distinction, son look british alors qu’il ne l’est pas, jusqu’à sa fine moustache qui orne un visage émacié et traversé de grands traits un peu comme Samuel Beckett en plus jeune, un menton creusé au milieu comme un poinçon de tendresse, un de plus. Car c’est un tendre, une vraie crème d’homme.
Allez, je n’ai pas l’habitude de dire beaucoup de bien de mes congénères masculins dans ce blog. Cela me fait plaisir d’avoir dérogé à la règle en écrivant à son sujet.
Hermagor
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