Pose statique et extatique

20 Nov Pose statique et extatique

 

Vues plongeantes sur les pistes d’atterrissage assez lointaines, qui raient de leurs rubans noirs d’asphalte une immense prairie vaincue, inutile et définitivement livrée à l’industrie humaine. Tout au fond, une ligne grise de bosquets et d’arbres qui bordent le champ d’aviation. Sous le ciel bas et pâle, un aimable soleil d’après-midi d’hiver perce un peu, encore doux et doré. La Pologne, le vrai pays, elle commence juste derrière, là-bas.

Ces derniers jours, j’accumule les heures passées et repassées dans la passivité du voyageur qui attend son avion. Pose statique et même extatique tant ces lieux uniformisés et banalisés se ressemblent dans toutes les grandes villes : On en oublie les distances et les différences géographiques à un point qui, réduisant singulièrement la valeur du voyage, lui confèrent une certaine irréalité.

La vie des affaires rejoint cette autre réalité. Elle est toute faite de connexions, de réseaux, de visites de sièges sociaux ou de salles de conférences toujours identiques où tout le monde est habillé pareil. On évolue dans un autre monde, comme s’il était en suspension au dessus du vieux, du vrai, de celui des hommes, des foules, des pauvres.

Quelle prise l’un sur l’autre ? Lequel dirige l’autre ? Ce début de siècle sans aucune idéologie planétaire, écrasé par le libéralisme capitaliste, semble désigner le vainqueur. Pourtant, il y a des craquements un peu partout, la roue des continents où le plateau des civilisations dominantes puis déclinantes tourne de plus en plus vite.

Appel pour embarquer. Fin de l’attente. De celle d’aujourd’hui en tout cas.

Okecie, prononcer Okenntschié, aéroport Frédéric Chopin, Varsovie

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