La cracheuse de valda

22 Mai La cracheuse de valda

L’image me vient après qu’elle ait prononcé cette expression à la fois vulgaire et étrange une seconde fois en dix minutes. Je ne sais pas pourquoi, elle me fait penser aux pratiquants de rituels insolites, à ces fakirs hypnotisant les serpents ou ces avaleurs de sabres…

Il est vrai qu’elle est aussi laborieuse que moi, la pauvre. On ne s’improvise pas comme ça médiatrice dans un conflit familial épuisant, après qu’elle ait été désignée sans enthousiasme par les protagonistes.

Elle, elle est conseiller conjugal. La plaque a été posée récemment en bas du bel immeuble haussmanien d’une avenue huppée de Neuilly sur Seine. C’est pour cela, me suis-je dit en entrant chez elle, que l’intérieur est entretenu dans un confort classique et vieillot, pour compenser la nouveauté d’une profession pas encore maîtrisée.

Alors pour régler nos passions et rancoeurs d’enfance qui ressemblent tant à celles d’un couple, nous ne tombions pas trop loin. C’est ce que nous pensions. C’est ce que je pensais aussi, jusqu’à ce la froideur étudiée de son accueil ne commence à me dissuader. M’invitant dans un cabinet presque vide et sans âme, elle me donne à choisir entre deux fauteuils Louis XV tandis qu’elle fait le tour d’un bureau du même âge pour s’asseoir de l’autre côté. J’ai l’impression d’être chez le notaire.

D’ailleurs, son fauteuil lui donne une assise plus élevée que le mien, j’aurai dû choisir celui de gauche. Cela me fait penser à une scène du « Dictateur » de Charlie Chaplin.

Du reste, je n’ai le souvenir que d’un galop sauvage. Ou chacun cherche à en placer une plus vite que l’autre et où, pour m’inviter à « déballer mes chevaux » comme elle dit aussi, l’auguste conseillère m’incite délicatement à cracher ma pastille verte.

Moi, je lui brandit mon carton rouge.

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