Fragilité Féminine

10 Nov Fragilité Féminine

C’est ce passage de la seconde partie de « Vagabonde » où les protections de Renée vont difficilement tomber, les unes après les autres, pour accepter de se livrer de nouveau à l’amour.

Il n’a pas le souvenir d’avoir jamais lu ailleurs, pas encore, une telle description des sentiments féminins. Nous ne comprenons si mal ce qui se passe dans le coeur comme dans ce corps des femmes, trop convoités pour notre seul plaisir. C’est déjà un premier pas, un progrès de le savoir. Au bout de mois de solitude, ce sont ces lignes lues et relues hier soir qui l’ont ému.

Que nous sommes tous aveugles et insensibles, pauvres masculins de nous-mêmes! Certes, nos forces et nos conquêtes tranchent bien des noeuds. Nous sommes souvent attendus, espérés et bénis.  Mais combien de fois l’attente est balayée par la déception, le joug de notre égoïsme brutal ?

Il a toujours eu l’intuition de sa déficience envers les femmes. C’est pour la combler un peu qu’il a voulu, à chaque fois, leur donner plus de plaisir qu’à lui-même. N’entend-il pas l’appel, un peu le même que celui qui l’incitait, enfant, à vouloir faire rempart de tout son petit être pour protéger sa mère. Cette voix – la même ? – qui lui dit qu’il vaut la peine de se sacrifier pour elles, que son offrande est ce qu’il peut faire de mieux de sa vie.

Les pages de Colette disent les mots, elles esquissent les mouvements du coeur d’une femme comme il ne l’a jamais entendu de celles qu’il avait aimées. Au delà du plaisir que la lecture suscite, il ressent une douleur cuisante. Il comprend combien il a été absent, aveuglé par sa propre suffisance. Il voudrait les revoir, chacune, et les embrasser en silence, en écoutant le seul battement de leur coeur.

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