Ce n’était qu’un rêve

22 Déc Ce n’était qu’un rêve

Un moment d’inattention chez vous où, comme moi, l’engourdissement de ce début d’après-midi qui vous prenait à son tour ? Un sixième sens est venue me le dire, ou un signe de faiblesse de votre part, je ne le sais.

Nous étions assis côte à côte, en ce début d’après-midi. La chaleur nous terrassait, et nos regards ne portaient plus aussi loin que l’horizon le permettait. J’ai le souvenir de collines aux douces pentes, baignées par le soleil et noyées des sifflements des criquets, des crêtes les plus proches dont la ligne vibrait dans l’air brûlant. Et d’un sommeil qui, comme une vague montante, est venue m’envahir. J’étais si proche de vous, mon bras nu effleurait parfois le vôtre. Ne l’aviez-vous pas remarqué ? Déjà, vous n’aviez pas protesté, vous si distante d’habitude. Cette froideur qui ne faisait qu’accroître mon désir.

Alors je me suis laisser aller. J’ai penché doucement la tête vers vous, jusqu’à votre épaule où je l’ai reposée. Je m’attendais à tout moment à votre réaction et à votre refus. Vous n’avez pas bougé, vous n’avez rien dit.

J’ai compris que je pouvais profiter de votre langueur. Quelques secondes avaient déjà passé. Pour la première fois, je sentais le contact de votre corps contre le mien et accomplissais enfin cette attirance vers vous qui m’appelait depuis notre première rencontre, il y a si longtemps. Depuis des mois, des années même : sept ans je crois. Alors, je pouvais glisser doucement vers la perte de conscience, tout en entendant une voix intérieure qui me disait l’unicité de l’instant.

Je tombais dans le rêve le plus doux. Je savais bien que c’était un miracle, mais je l’avais trop voulu pour ne pas le savourer. Et vous, que faisiez-vous ? Vous ne bougiez pas, le sommeil était en train de vous vaincre vous aussi. Ou peut-être m’accordiez-vous simplement des douceurs sans conséquence ?

J’avais pu glisser ma tête sur votre sein. Le prétexte de mon sommeil était accepté, j’avais pu aller plus loin, dans la hardiesse de mon sommeil. Les mouvements de votre poitrine la soulevaient lentement et je mesurais, aux vagues régulières qui me berçaient, des profondeurs merveilleuses.

Aviez-vous enfin cédé à mes conquêtes persévérantes auxquelles, de mon côté, je ne croyais presque plus ? Ou tout cela n’était-il pas la convention d’une chaste sieste d’un après-midi de vacances ? C’est probable, car c’est à ce moment que je me suis réveillé, encore habité par votre charme et votre grâce, mais déjà vaincu par l’évidence que cette communion en silence n’avait été qu’un rêve.

 

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