Au bord

25 Jan Au bord

Sous mes pieds nus, mes orteils caressent la crête de terre dure qui marque la limite de la grotte. Je sens le délicieux picotement de vie dans ma peau. Elle se délecte déjà au contact de la poussière et des pierres. Ce sont des étincelles de vie qui circulent dans mon corps et soutiennent l’intensité de mon éveil. Telles les éclaireurs, on dirait qu’elles viennent du dehors. Comme des étoiles soufflées du désert qui, à perte de vue, s’étale majestueusement devant moi. Par vagues, elles m’inondent d’énergie, remontent le long de mes jambes, de mon ventre, de ma gorge, jusqu’à irradier mes pensées. Les yeux, la bouche et les poumons grands ouverts, je reste immobile. Je reçois l’offrande à laquelle je m’étais patiemment préparé.

Les premiers rayons du soleil léchent les dentelles de roches qui se révèlent au loin et qui, il y a quelques secondes encore, gardaient le sanctuaire dans une pénombre silencieuse.

Le vent, le sable et la lumière ocre et orangée dessinent des dunes et des vagues qui incarnent, l’instant d’un miracle, les corps de toutes ces femmes que je voudrais étreindre.

J’ai gardé les bras le long du corps. Ils sont détendus, mes mains restent entrouvertes. Une brise chaude levée avec le jour se joue de ma tunique en la soulevant par endroits. Pourrait-elle m’emporter ? J’ai l’impression qu’il suffirait que je relève mes bras en pointant mes mains vers le ciel pour m’envoler comme un ange.

J’ai compris la raison de mon extase. Les respirations, les inspirations qui rythmaient ma lente méditation se sont confondues dans l’atmosphère qui rêgne en paix et en harmonie. Devant moi, en moi.

Il n’y a personne autour de moi, mais je ne me suis jamais senti moins seul.

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